Les mesures officialisées par la Banque centrale européenne jeudi 5 juin devraient réussir à ancrer les anticipations d’inflation et soutenir les marchés actions, selon plusieurs observateurs.
Compte tenu de la pression sur les rendements obligataires, en particulier sur la partie courte de la courbe, la recherche de rendement des investisseurs va se poursuivre voire s’intensifier.
« Nous voyons dans ces mesures un moyen puissant d’ancrer la partie courte de la courbe de l’EONIA près de zéro pour les 4 prochaines années », estiment les stratégistes de Goldman Sachs dans une note.
Pour Exane BNP Paribas, « la BCE a excédé les attentes déjà élevées du marché avec son paquet de mesures. » Le courtier estime que les mesures vont abaisser le coût des fonds propres des banques, ce qui sera une bonne nouvelle pour le secteur – élément confirmé par d’autres analystes, comme Credit Suisse, qui surpondère le secteur et a une vue positive sur les actions européennes.
Incertitudes
Si les mesures favorisant l’injection de nouvelles liquidités devraient avoir un impact favorable sur la Bourse, à l’instar des précédents épisodes de LTRO, la réaction des marchés depuis jeudi reste mesurée.
« Pour l’instant, nous ne voyons pas de raison suffisante pour relever nos objectifs compte tenu de l’ampleur de la compression des primes de risque », note Goldman Sachs. « Cela changerait si les détails de la mise en œuvre venaient à suggérer un impact significatif sur la croissance du crédit et l’économie réelle », ajoute la banque.
« Les marchés devraient saluer ce regain de visibilité et de clarté sur la politique monétaire, même si d’autres questions risquent à présent d’émerger, comme celle de la réelle demande des banques pour ces nouvelles opérations de liquidité », note de son côté Serge Pizem, gérant chez AXA Investment Managers.
6 à 9 mois
« Implicitement, Mario Draghi tord le bras de la BCE. Les mesures annoncées visent à relancer la croissance, ce qui est très fort et traduit un changement de style de politique monétaire », estime Christophe Donay de la banque suisse Pictet.
Même s’il considère qu’il faudra compter « six à neuf mois pour que l’on commence à voir les effets des mesures de la BCE sur une relance du cycle du crédit », le responsable de l’allocation d’actifs de Pictet estime que ces mesures devraient contribuer à renforcer le dollar et qu’elles seront positives à la fois pour les actions européennes et les obligations souveraines de la périphérie de la zone euro (périphérie dont le périmètre est élargi aux pays d’Europe de l’Est).
Pour aller plus loin
L’analyse de Bob Johnson, directeur de la recherche économique de Morningstar