Depuis le début de l’année, les marchés financiers continuent leur progression et l’ensemble des classes d’actifs affichent des performances plutôt honorables. Pourtant, selon Pascal Blanqué, directeur des investissements d’Amundi, cette progression des marchés en Europe s’explique surtout par le « rebalancement » des portefeuilles.
Les actifs européens, largement sous-pondérés pendant les années de crise de la dette en zone euro, sont ramenés en position « neutre » dans les portefeuilles des investisseurs internationaux, qui arbitrent au détriment des actifs émergents et américains – ces derniers avaient largement profité des flux de capitaux mondiaux pendant la crise de la dette en zone euro.
Mais cela ne signifie pas que l’Europe n’a pas de gros défis à relever. « Le phénomène de convergence du prix des actifs dans les marchés financiers ne s’observe toujours pas dans l’économie réelle », explique Pascal Blanqué.
Pour le responsable, les annonces de la BCE la semaine dernière ont validé les anticipations des marchés financiers. « La BCE a montré qu’elle est consciente qu’il faut ranimer les solutions de marché pour assurer le financement de l’économie », analyse-t-il.
« En revanche, elle ne peut pas modifier le potentiel de croissance économique ou les anticipations de croissance à long terme », ajoute Pascal Blanqué.
Les perspectives de redressement de la croissance économique en zone euro et dans les pays développés sont toujours très faibles, ce qui pose la question du niveau de long terme des taux d’intérêt. Actuellement, les marchés anticipent une croissance et une reprise cyclique faibles et cela ne semble pas encore sur le point d’évoluer.
Cette situation s’explique notamment parce que le stock d’épargne mondiale est très supérieur à celui des investissements. Cette situation a plusieurs conséquences : l’émergence de bulles sur certaines classes d’actifs (les flux s’investissent dans des actifs financiers en quête de rendement, plutôt que des actifs réels), mais également une insuffisance d’investissement à même de relever le potentiel de croissance économique.
Dans ce contexte, les responsables de la gestion d’Amundi estiment que le niveau de valorisation des actions européennes ne semble pas excessif, ce qui en fait une classe d’actifs toujours privilégiée dans les portefeuilles.