Le paquet de mesures annoncé jeudi 5 juin par de la Banque centrale européenne pour lutter contre le risque de déflation et relancer la croissance du crédit bancaire pourrait n’avoir qu’un impact limité à court terme, selon Francisco Torralba, économiste chez Morningstar-Ibbotson Associates.
Parmi les mesures les plus commentées de la BCE figuraient notamment le taux de dépôt négatif pour les banques commerciales, ainsi que des opérations de financement ciblées.
« Je pense que les mesures de la BCE sont timides et indirectes, et qu’elles n’ont guère de chancede réussir, en particulier à court terme », observe l’économiste. « Les opérations de financement à long terme ciblées (TLTRO) n’entraîneront pas de croissance du crédit, mais vont uniquement détendre les conditions de l’offre de crédit. »
Le vrai problème de l’Europe est un problème de demande de crédit, limitée pour bonne part parce que la demande finale (consommation privée, investissement, dépenses publiques) n’est pas suffisamment dynamique.
Se fondant sur l’analyse de mécanismes similaires utilisés dans d’autres pays (« Funding for Lending » au Royaume-Uni) montre en effet une diminution du coût de financement pour les agents économiques – mais son impact sur l’économie réelle a été limité car dans le même temps, les banques britanniques étaient plus préoccupées par le renforcement de leur bilan et par leur désendettement.
Concernant le taux de dépôt négatif, Francisco Torralba craint également que son impact soit limité car les réserves excédentaires des banques en Europe ne sont que de 145 milliards d’euros.
L’expérience a déjà été tentée au Danemark et en Suède, rappelle l’économiste, avec un effet limité au regard de montants en jeu.
« Aucune des mesures annoncées ne traite le risque de déflation dans l’immédiat. Si la BCE voulait relancer l’inflation, elle aurait dû le faire il y a plusieurs mois, en ciblant le taux de change », conclut Francisco Torralba.
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