Selon les données préliminaires recueillies par Morningstar, le marché européen des ETP (« Exchange Traded Products ») a collecté 22,9 milliards d’euros au cours des six premiers mois de l’année 2014. C’est le double des sommes reçues pour l’ensemble de l’année 2013, et 4,3 milliards de moins qu’en 2012.
Durant cette période, les actifs sous gestion sous la forme d’ETP ont atteint 342 milliards d’euros au 30 juin, contre 302 milliards fin 2013. Cela implique une appréciation du capital de l’ordre de 18 milliards d’euros au cours de la période.
Si cette tendance devait se confirmer au cours du second semestre, le marché européen des ETP serait en passe de retrouver les niveaux de collecte observés durant la période 2008-2010, et – selon le degré d’appréciation du capital – de contribuer à un rebond des actifs sous gestion.
Une telle évolution irait à l’encontre des critiques de la gestion passive – en particulier des ETP – lesquels ont affirmé que la forte croissance des actifs sous gestion est une conséquence directe de la crise économique et financière, et qu’un rebond des marchés verrait un retour en force de la gestion active.
La faiblesse de la collecte observée en 2013 par rapport aux années précédentes semblait donner crédit à cette théorie. Certains commentaires en début d’année avaient conclu que le marché des ETP était condamné à stagner. La réalité est bien différente.
La décomposition des données sur le premier semestre montre que 13,1 milliards d’euros d’argent frais ont été placé dans les ETP actions et 10 milliards dans les produits obligataires. Les ETP matières premières et monétaires ont connu une légère décollecte d’environ 0,2 milliard d’euros chacun.
En termes d’actifs sous gestion, les ETP actions atteignent 232,6 milliards d’euros (68% du total), les ETP obligataires 69 milliards d’euros (20%) tandis que les matières premières représentent 31,1 milliards d’euros (9%). Les 3% restants tombent dans la catégorie Morningstar « Alternatif » ; cette catégorie inclut des produits à effet de levier ainsi que des ETP devises.
La bonne tenue du segment obligataire – pas uniquement les ETP mais également les fonds traditionnels – va à l’encontre de la thèse d’une « grande rotation » des obligations vers les actions. Il y a eu de fait beaucoup de discussions sur la divergence entre la perception des investisseurs et la réalité des données économiques. Toutefois, les données de flux montrent que les investisseurs en ETP ont investi plus d’argent sur des produits obligataires que sur des produits actions au cours du premier trimestre (5,4 milliards d’euros contre 2,6 milliards), l’inverse se produisant au deuxième trimestre (4,5 milliards contre 10,5 milliards). Avec un peu de retard, la « grande rotation » semble avoir débuté.
Les investisseurs se montrent de plus en plus confiants dans la perspective d’une reprise de l’économie mondiale. Mais ils continuent d’avoir une approche différenciée lorsqu’il s’agit de choisir les régions pour placer leur argent.
Deux ETF offrant une exposition aux actions américaines de grandes capitalisations boursières – Vanguard S&P 500 (VUSD) et iShares Core S&P 500 Acc (CSSPX) – font partie des fonds ayant recueilli de l’argent frais au cours du premier semestre. Quelques changements interviennent pourtant. Ainsi, les stratégies UBS ETF-MSCI UK (UKGBPB) et iShares EURO STOXX Banks (EXX1) ont intégré le « top 10 » des fonds ayant recueilli le plus d’argent frais.
L’intérêt accru pour les actions britanniques peut se comprendre au regard de la bonne tenue de l’économie nationale. En revanche, l’afflux de capitaux vers le secteur bancaire semble indiquer un regain de confiance de la part des investisseurs à l’égard du secteur.
Les mouvements de décollecte sont également source d’enseignements. Signe d’un regain de confiance des investisseurs, les produits de type ETC or ou obligations gouvernementales allemandes décollectent le plus. D’autres stratégies sur les actions sont en perte de vitesse, mais visiblement plus pour une question de coût qu’autre chose – preuve que si les investisseurs sont confiants dans la reprise et l’intérêt de privilégier un peu plus les actions, ils sont toujours très attentifs aux frais de gestion.