Maurice Lévy s’est-il pris les pieds dans le tapis d’une communication hasardeuse ?
En annonçant des résultats décevants pour le premier semestre 2014 et en renonçant à son objectif de croissance organique d’au moins 4% cette année, le dirigeant de Publicis a notamment mis en cause, outre des effets de change défavorables, une grande déperdition d’énergie dans des discussions qui devaient accoucher du rapprochement avec l’américain Omnicom.
Ce projet de fusion entre égaux a échoué en mai dernier notamment pour des problèmes de personnes, de mise en place d’une organisation efficace et de retards dans l’approbation des autorités de la concurrence.
L’explication avancée pour ses résultats semestriels décevants par Publicis a toutefois pris du plomb dans l’aile après la publication des résultats du deuxième trimestre d’Omnicom : ce dernier a annoncé une croissance de 6% de son revenu et de 13% de son résultat net – deux indicateurs financiers qui ont battu les attentes des analystes.
Les deux groupes étant de dimension mondiale, l’effet des devises ne devrait guère jouer dans la comparaison de leurs performances financières respectives.
La principale explication d’un tel écart entre ces deux géants de la pub tient plutôt à la capacité de l’américain d’être beaucoup plus dynamique que son rival français notamment en matière de conquête commerciale. Une situation d’autant plus étonnante qu’une des raisons de la fusion était l’avance de Publicis dans la communication digitale – bâtie à coup d’acquisitions ces dernières années – mais aussi dans les marchés émergents.
Au final, Omnicom affiche une marge d’exploitation de 14,8% au deuxième trimestre et de 13,3% sur le premier semestre, contre une marge de 14,7% pour Publicis sur les six premiers mois de l’année. Le français conserve son avance, mais l’écart entre les deux groupes s’est réduit. Il faudra toutefois attendre d’autres trimestres pour voir si l’écart entre les deux se comble définitivement.
En attendant, quelque-chose cloche dans la communication de Publicis. Alors qu’il avait réussi à bâtir l’un des groupes les plus performants de son secteur, Maurice Lévy accumule les faux pas depuis plusieurs mois.
L’échec de la fusion avec Omnicom devrait coûter plusieurs dizaines de millions d’euros au groupe, de quoi laisser en travers de la gorge des investisseurs la rémunération de 16 millions d’euros qui lui avait été attribuée en 2012 (sachant que Maurice Lévy a touché 4,8 millions d’euros en 2013, une rémunération variable à 100%).
Cette situation, si l’évolution des marges, de la trésorerie générée et de la rentabilité de Publicis ne s’améliore pas, pourrait bien relancer la question de la succession de Maurice Lévy – lequel a sur ce front aussi le plus grand mal à annoncer un plan clair et compréhensible par le marché.