Wall Street a de nouveau le vent en poupe. Depuis le début de l’année, l’indice S&P 500 affiche un gain de 8,2%, ayant clôturé mardi pour la première fois de son histoire à plus de 2.000 points. Sur la même période, l’indice Stoxx Europe 600 ne progresse que de 5% après avoir connu un début d’année plus prometteur, remis depuis en question par les tensions entre l’Ukraine et la Russie, le ralentissement de la croissance économique de la zone euro.
Derrière cette contreperformance européenne, se cachent des disparités importantes entre pays : ainsi la Bourse espagnole bondit de 9,7% depuis le 1er janvier, quand le DAX ne gagne que 0,4% et le CAC 40 2,4%.
Mais la surperformance des actions américaines n’est pas vraiment nouvelle (graphique) : elle remonte à au moins deux ans.
Source: Factset, Morningstar.
Elle s’appuie d’ailleurs sur des fondamentaux qui s’améliorent globalement. L’écart de profits et de rentabilité entre les deux continents n’a cessé de se creuser, comme le montrent l’évolution des profits des entreprises composant les deux indices et celle de la rentabilité des fonds propres.
Source: Factset, Morningstar.
Source: Factset, Morningstar.
L’écart de performance entre les deux zones est liée à la fois à la bonne santé des entreprises américaines et à un profil de croissance économique qui semble s’améliorer de manière un peu plus ferme aux Etats-Unis qu’en Europe ou au Japon.
« Les ventes progressent car le PIB réel américain augmente. Cela devrait stabiliser la croissance des bénéfices à un niveau proche de 10% pour l’ensemble de l’année. Les principaux moteurs ont été les ventes et les marges bénéficiaires élevées ainsi que les fondamentaux sains », explique Peter van der Welle, stratégiste chez Robeco, dans une note sur les actions américaines.
De fait, les Etats-Unis affichent, au sein des pays développés, un profil de croissance légèrement plus attrayant qu’en zone euro ou au Japon, même si un certain nombre de problèmes demeurent (comme la situation du marché du travail, tel qu’évoqué la semaine dernière à Jackson Hole par Janet Yellen, la présidente de la Fed).
Cette situation peut-elle évoluer ? L’espoir des investisseurs, largement manifesté en début de semaine par le rebond des Bourses européennes, la baisse concomitante du rendement à 10 ans du Bund allemand et de l’euro, est l’accélération de l’action de la BCE, qui pourrait prendre la forme d’un assouplissement quantitatif via l’achat de dettes privées.
Un mouvement de baisse plus durable de la monnaie unique et du coût de financement des entreprises en zone euro serait sans doute de nature à relancer le cycle du crédit et a donné un nouvel élan à l’évolution des profits des entreprises. A deux conditions toutefois : que la demande (interne comme extérieure) reparte et que les entreprises se remettent à investir plutôt qu’à racheter leurs actions.
Pour les stratégistes de Nomura, la baisse de l’euro, si elle se poursuit dans un contexte de reprise mondiale, serait favorable aux valeurs cycliques exportatrices, notamment dans les secteurs de la technologie (semi-conducteurs, équipements de télécommunications, logiciels) ou de l’industrie.