Après son discours de Jackson Hole, Mario Draghi est passé à l'action avec les membres du comité de politique monétaire de la BCE.
La banque centrale a créé la surprise jeudi en annonçant de nouvelles baisses de taux et en annonçant son intention d'accroître la taille de son bilan par des rachats d'actifs.
Le taux d’intérêt des opérations principales de refinancement passé de 0,15% à 0,05% à partir du 10 septembre. Le taux d’intérêt de la facilité de prêt marginal recule aussi de 10 points de base à 0,30% tout comme le taux de dépôt qui passe à -0,20%.
L’institution monétaire a par ailleurs indiqué qu’elle allait engager son programme de rachat de prêts adossés à des actifs (ABS) en visant un éventail étendu de titres financiers, et ce dès le mois d’octobre.
La nouvelle a provoqué une baisse temporaire de l’euro sous les 1,30 dollar. La devise européenne a perdu 5% depuis le mois de juillet, soit après l’annonce d’un premier train de mesures. Les marchés d’actions rebondissent fortement, le CAC 40 passant brièvement la barre des 4.500 points tandis que le Stoxx Europe 600 gagne 1,1% à 348,58 points en milieu d’après-midi.
« A défaut de faire repartir le crédit tout de suite, les banques vont se refinancer à coût quasi nul et tous les opérateurs vont être noyés sous la liquidité : une bonne occasion pour les marchés actions de rebondir, et les taux obligataires de baisser encore alors que tous étaient empêtrés avec les mauvais chiffres économiques et un front géopolitique toujours inquiétant », observent les économistes d’UBP.
Hugues Le Maire, directeur général de Diamant Bleu Gestion, note que la BCE va ainsi commencer à accroître la taille de son bilan, alors que ce dernier avait plutôt tendance à diminuer depuis plusieurs années.
Après avoir atteint un pic de 3.100 milliards d'euros en juin 2012, le bilan de la banque centrale est retombé à 2.039 miliards d'euros en août dernier.
"Draghi n'a pas donné d'indication sur la taille [des achats d'actifs] mais l'on peut déduire que la BCE augmentera la taille de son bilan d'au moins 600 milliards d'euros (excluant le T-LTRO?)", notent les économistes de Société Générale dans une note, en se fondant sur la volonté de ramener le bilan de la BCE aux niveaux de 2012.
La moins bonne nouvelle, ajoute Hugues Le Maire, concerne la révision des prévisions de croissance pour la zone euro à 0,9% en 2014 - un chiffre "qui semble encore assez optimiste".
Alors qu'elle n'a mis en place qu'une partie du paquet de mesures annoncées en juin dernier, la BCE accroît son soutien au système financier alors que les dernières statistiques publiées sur la zone euro ont eu tendance à se détériorer au cours des 3 derniers mois.