Risk Off

Ce qui avait l'air d'une simple secousse sur les marchés semble prendre une ampleur plus importante depuis quelques jours.

Jocelyn Jovène 10.10.2014
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Ce qui avait l'air d'une simple secousse sur les marchés semble prendre une ampleur plus importante depuis quelques jours. Les inquiétudes croissantes sur la croissance économique mondiale, revue en baisse cette semaine par le FMI, ont provoqué une accélération du mouvement de sortie des actions au profit du monétaire et des obligations.

Ce mouvement de baisse du niveau de risque des portefeuilles est qualifié de « risk-off ». Les espoirs de raffermissement de la reprise mondiale avait poussé certains stratégistes à considérer que l’alternance de phases de diminution (« risk-off ») puis de hausse du risque (« risk-on ») dans les allocations semblait terminée.

La réalité semble bien différente aujourd’hui. Les signaux d’alerte ne manquent pas. Jeudi, l’indice Dow Jones a chuté de 300 points en une séance. L’indice MSCI World Index est entré de nouveau en territoire négatif depuis le début de l’année (-0,5%).

Les indices de volatilité (VIX et VSTOXX) ont retrouvé des niveaux que l’on n’avait pas vus depuis le mois de janvier. Le rendement à 10 ans du Bund a retrouvé ses plus bas historiques, alors que les derniers indicateurs d’activité en Allemagne ont connu leur plus forte baisse depuis 2009. Le cours de l’or a commencé à remonter légèrement, tout en restant sur des niveaux toujours relativement faibles.

Pour les investisseurs en actions, la question est de savoir quel impact ces éléments auront sur la trajectoire des résultats des entreprises, supposée apporter un soutien au marché actions d’ici la fin de l’année ?

Les stratégistes de Bank of America Merrill Lynch s’interrogent dans une note datée du 10 octobre: « s’agit-il d’une simple ‘correction’ (de 8-10%) ou doit-on s’attendre à quelque-chose de plus sinistre pendant la période de publication des résultats ? »

Sans vraiment trancher la question, ils observent toutefois que depuis le début du trimestre, les actions européennes ont déjà baissé de 6% et que pas moins de 18 sociétés cotées ont lancé des avertissements sur résultats.

« Nous pensons qu’une correction des niveaux de valorisation pourrait survenir », écrivent-ils, prévoyant une baisse d’un point du multiple de valorisation d’un indice qui se traite actuellement autour de 13,-x les anticipations de résultats l’an prochain (courbe en rouge sur le graphique suivant).

Source: Factset, Morningstar.

Petit à petit, la Bourse donne l’impression de donner plus de crédibilité au risque d’une troisième récession de la zone euro – scénario qu'aucun économiste ne prévoit pour l'instant.

De son côté, la BCE a déjà pris un certain nombre de mesures exceptionnelles pour lutter contre le risque déflation, mais ces mesures, décidées depuis le mois de juin, n'ont pas encore eu le temps d'avoir un impact sur l’économie réelle.

La correction des marchés est peut-être le signe que faute de statistiques plus encourageantes sur l'économie européenne (et mondiale), les investisseurs attendent de nouveau des banques centrales qu'elles prennent leurs responsabilités.

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A propos de l'auteur

Jocelyn Jovène

Jocelyn Jovène  est analyste financier senior et rédacteur en chef de Morningstar France.