Le traitement réservé aux investisseurs français dans les fonds s’est considérablement amélioré au cours des dernières années. L’affaire Madoff a eu l’effet d’un électrochoc, venant douloureusement rappeler à la communauté financière à quel point il était dangereux d’investir dans un fonds sans connaître la nature de son portefeuille.
Aujourd’hui, Morningstar collecte les inventaires de portefeuille sur plus de 85% des fonds enregistrés à la vente en France. Alors que l’investisseur ne pouvait auparavant accéder qu’aux dix premières positions d’un fonds (dans le meilleur des cas) à travers leur reporting, il peut désormais consulter l’intégralité du portefeuille pour s’assurer que celui-ci répond bien à ses attentes et surtout joue bien un rôle de diversification par rapport aux autres fonds qu’il possède par ailleurs.
Cependant, si la diffusion des inventaires de portefeuilles s’est généralisée en France depuis l’affaire Madoff, les techniques de gestion ont elles aussi grandement évolué et l’utilisation des produits dérivés dans la gestion de fonds traditionnels s’est très largement répandue. Il devient donc impératif que les sociétés de gestion communiquent non seulement sur les titres vifs qu’elles détiennent mais également sur l’ensemble des produits dérivés qu’elles utilisent et qui figurent au bilan et hors-bilan.
Les expositions agrégées ne suffisent pas : les investisseurs ont besoin de savoir au-delà de leur exposition nette à telle ou telle classe d’actifs, les instruments effectivement utilisés par leur gérant pour se couvrir du risque de marché, de change ou sur un émetteur spécifique. Il y a beaucoup plus à perdre à cacher cette information à l’investisseur qu’à la lui révéler.
Il est un autre domaine où la transparence des fonds peut également s’améliorer : les fonds obligataires. Trop souvent encore, les investisseurs n’ont le droit qu’à un reporting très insuffisant sur ces véhicules. Il semble incroyable qu’à notre époque certaines sociétés de gestion ne soient toujours pas en mesure de fournir à leurs clients et prospects des informations aussi essentielles que la répartition du portefeuille par qualité de crédit ainsi que sa duration globale (une mesure de la sensibilité du fonds aux variations de taux d’intérêt).
Ces deux informations capitales, synthétisées au niveau de la Style Box obligataire de Morningstar, permettraient pourtant aux investisseurs de rapidement déterminer si tel fonds, avec par exemple une duration courte mais une mauvaise qualité de crédit, ou tel autre, avec une duration longue et une bonne qualité de crédit, leur convient de la même façon qu’ils peuvent aujourd’hui le faire sur les fonds actions en distinguant par exemple les fonds de petites valeurs de style « value » des fonds de grandes valeurs de style « growth ».
Enfin, il est malheureusement encore utile de rappeler que la transparence des fonds commence par la communication aux investisseurs du nom du gérant lui-même. Trop souvent, les investisseurs n’ont pas accès à cette information pourtant cruciale. Parfois, ils connaissent le nom du ou des gérants, mais pas leur date de prise de fonctions. Ils ne sont donc pas en mesure d’évaluer quelle partie de l’historique de performance du fonds leur attribuer.
Sur ce point, certains rétorqueront que la plupart du temps les fonds ne sont pas gérés par une seule personne mais sont le fruit d’un travail d’équipe. La belle affaire ! N’est-ce pas le cas de la plupart des grandes décisions prises au sein d’une entreprise ? Faut-il alors ne plus communiquer le nom des PDG de ces dernières ?
Dans le cas de gestions réellement collégiales, c'est-à-dire lorsqu’il y a deux co-gérants ou plus, rien n’empêche les sociétés de gestion de mentionner plusieurs noms et de spécifier depuis quand chacun est rentré en fonction.
A ce titre, dans sa mission de collecte de données, Morningstar a décidé de ne plus accepter de renseigner le champ « nom de gérant » par « équipe ». Dorénavant, pour les sociétés de gestion qui ne diffuseront pas le nom des membres de l’équipe décisionnaires sur le fonds et leur date d’entrée en fonction, le champ « nom de gérant » sera renseigné comme « non communiqué », ce qui de notre point de vue revient au même pour l’investisseur qui ne peut pas prendre de décisions pertinentes en utilisant cette information.
Notre industrie fait face à un déficit de confiance de la part des investisseurs. Nous devons tout mettre en œuvre pour la restaurer. Une partie de la solution réside, à n’en pas douter, dans la diffusion d’informations régulières, fiables et utiles.