Commencer l’année en dressant la liste des arguments en faveur des actifs risqués et ceux qui leur seraient défavorables peu aider à dresser une cartographie des risques et opportunités en 2015 – avec un focus plus particulier sur l’Europe.
Les sujets d’inquiétude et facteurs de risque
- Une croissance économique en zone euro atone et la chute en déflation : cette situation serait sans doute le scénario noir qui provoquerait une correction des marchés financiers à l’échelle mondiale.
- La poursuite d’un discours centré sur l’austérité plutôt que sur le soutien à l’activité : les mesures d’austérité ont certes provoqué une certaine stabilisation des déficits (mais encore pas partout), mais elles ont également pénalisé l’activité économique de manière parfois significative (cf le cas français).
- Un retour de la crise de la dette en zone euro et une image brouillée en matière de gouvernance économique: de nouvelles tensions émergent en ce début d’année avec la Grèce et le retour d’un scénario de sortie de la zone euro ; une fois encore, la position de l’Allemagne, en apparence inflexible, donne le sentiment que les dirigeants européens ont du mal à prendre conscience des enjeux et tendent à agir toujours avec un train de retard sur les événements.
- Les tensions géopolitiques (terrorisme, conflits régionaux…) ou politiques (échéances électorales) : la situation russe, amplifiée par l’effondrement de la devise nationale et la chute des recettes pétrolières, rend les discussions difficiles avec l’Occident.
- Une erreur de politique économique (mix inadapté ou remontée trop rapide des taux) : c’est l’erreur à ne pas commettre, notamment par la Fed. Or, certains observateurs estiment que la Fed est « behind the curve », c’est-à-dire qu’elle aurait déjà dû remonter ses taux au regard des chiffres de croissance, de chômage et d’une inflation sous contrôle. Le risque serait qu’elle remonte trop rapidement ses taux, mais le marché ne semblait pas y croire jusqu’à récemment.
- Un ralentissement mal maîtrisé en Chine : ce fut un facteur de risque important au cours du premier semestre 2014, qui semble s’être évaporé au second semestre, ouvrant la voie à un rebond spectaculaire de la Bourse chinoise.
Les sources d’optimisme et d’opportunités
- La BCE se lance dans un « QE » élargi dès janvier : pour l’heure, le consensus attend des nouvelles plutôt en mars, mais le calendrier pourrait s’accélérer en particulier si les statistiques d’activité et d’inflation continuent de décevoir.
- Le recul de l’euro alimente un début de rebond des profits des entreprises européennes, après trois ans de baisse ou de stagnation.
- La chute des cours du pétrole soutient la croissance économique mondiale : selon UBS, une baisse durable de 10 dollars le baril de brut ajoute environ 20 points de base de croissance au PIB mondial, qui devrait ainsi parvenir à se maintenir au-delà des 3%, voire des 3,5% cette année (une première depuis 3 ans).
- La confiance des entreprises et des ménages commence se stabilise, puis se redresse grâce aux annonces de la BCE. Le retour de la confiance est un élément crucial pour envisager une reprise des investissements et de la consommation, mais il s’agit d’une variable particulièrement fragile, en particulier en zone euro. Elle est pourtant nécessaire pour envisager un redémarrage du cycle du crédit, clef pour entretenir une sortie durable de stagnation.
- L’impact des efforts de rigueur budgétaire sur la croissance économique s’atténue en zone euro : cette bouffée d’oxygène offre un soutien aux chiffres de croissance qui s’amélioreraient mécaniquement.
- La valorisation des actions européennes (P/E de 13,4x) et surtout le rendement servi (3,4% environ pour l’indice Stoxx Europe 600) sont toujours attrayants. En relatif, les actions européennes sont attrayantes, mais ce raisonnement, déjà tenu fin 2013, n’a pas donné de résultats probants en matière d’allocation, puisque ce sont les actions américaines qui ont surperformé dans les pays développés – preuve que les investisseurs ont préféré « un tiens à deux tu l’auras ».
- Le scénario « ciel bleu » : l’Europe évite la déflation, le Japon redémarre, les Etats-Unis continuent de croître avec une inflation sous contrôle et la Chine maîtrise son cycle économique : un tel cocktail provoquerait sans aucun doute un rallye boursier, porté par le retour de la confiance, l’accélération des opérations de fusions-acquisitions et une nouvelle expansion des multiples de valorisation.