Depuis le début de l’année, les actions américaines sont à la peine. L’indice S&P 500 gagne 0,2%, tandis que le rendement à 10 ans des bons du Trésor atteint 1,80% (contre 2,19% fin 2014).
Ce démarrage laborieux du marché américain fait suite à deux années de surperformance exceptionnelles et s’inscrivent dans un rallye de 5 ans. Pour Stéphanie Sutton, Investment Director chez Fidelity Worldwide Investments, il est difficile d’imaginer une nouvelle année de forte surperformance de la classe d’actifs.
A 17 fois les profits attendus en 2015 selon Factset, « la valorisation des actions américaines est raisonnable et ne fait pas apparaître d’excès ou de situation de bulle », explique Stéphanie Sutton, mais « le marché actions américain a monté trop fortement au cours des deux dernières années » pour offrir une perspective de rendement à deux chiffres.
En effet, après des années d’optimisation de leur structure de coûts après la crise de 2008, les entreprises américaines affichent des niveaux de marge opérationnelle record qui leur laisse moins de levier opérationnel pour booster leur croissance bénéficiaire. En 2015, le consensus table sur une croissance des résultats des sociétés composant l’indice S&P 500 de 3,6% après +6,3% en 2014 selon Factset, tandis que la marge d’exploitation des valeurs au sein de l’indice passerait de 15,4% à près de 16%.
Pour Stéphanie Sutton, il est important que la croissance de l’activité (« top-line » dans le jargon des analystes) revienne. « Nous sommes très attentifs aux commentaires des sociétés cotées concernant leurs perspectives », observe-t-elle.
La chute du cours du pétrole, qui devrait redonner en moyenne entre 700 et 900 dollars de pouvoir d’achat additionnel aux ménages américains, et les signes d’un début d’inflation salariale aux Etats-Unis, sont de ce point de vue de bon augure (même si à court terme, l’augmentation des salaires pèsera aussi sur les marges des entreprises).
L’autre moteur de performance est la poursuite des opérations de fusions-acquisitions. En 2014, les « deals » sur le marché américain ont atteint 2.136 milliards de dollars, en croissance de 17% par rapport à 2013. L’énergie, la santé et les médias ont représenté 37% du montant des opérations, selon les données de Thomson Reuters.
A l’inverse, les rachats d’actions, qui ont contribué l’an dernier à environ le quart de la croissance des profits des entreprises au sein de l’indice S&P 500, devrait jouer un moindre rôle. « Nous y étions très favorables par le passé. Mais avec la hausse des cours et lorsque les valorisations sont élevées, le rachat d’actions fait moins de sens », note Stéphanie Sutton.
En 2014, la catégorie US Equity Large Cap Blend a collecté 174,4 milliards de dollars à l’échelle mondiale. La collecte du fonds Fidelity Funds America, géré par Angel Agudo (et noté « Neutre » par Morningstar) a atteint 2 milliards de dollars l’an dernier.
Dans l’environnement de marché actuel, le gérant privilégie toujours les secteurs de la santé (Eli Lilly, Pfizer) et des technologies de l’information (Microsoft, Cisco Systems, Oracle), en regardant plus les grandes valeurs cotées que les valeurs moyennes, qui ont connu un parcours plus décevant l’an dernier.