Fin 2014, de nombreux courtiers et gérants d’actifs considéraient les actions européennes comme LA classe d’actifs à avoir dans une allocation. Un sentiment que peu d’investisseurs partageaient, après une année 2014 plutôt décevante, tant au plan micro-économique que macro-économique.
Mais les choses ont vite changé, et le sentiment vis-à-vis des actions européennes s’est rapidement réchauffé au fur et à mesure que s’approchait l’annonce du « Quantitative Easing » de la BCE.
En fait, le « QE » n’est que la dernière pierre d’un édifice qui s’est patiemment bâti tout au long de l’année. Un certain nombre de changements dans le paysage économique se sont produits et ont mis plusieurs mois à convaincre les investisseurs qu’ils pouvaient transformer la donne.
Le premier facteur d’importance est la nouvelle attitude de la Banque centrale européenne, plus prompte à reconnaître le danger de la déflation en zone euro et donc plus proactive pour permettre un certain retour de la confiance et le redémarrage de la distribution de crédit.
Le deuxième facteur est l’amélioration du bilan des banques commerciales en Europe et la reconstitution de leurs fonds propres, qui devrait justement leur permettre d’être un peu plus généreuses en matière de distribution de crédit aux entreprises – ce que les enquêtes de la BCE tendaient à montrer fin 2014 et début 2015.
Le troisième facteur est la baisse de l’euro, conséquence de la divergence de politiques monétaires et de la désynchronisation des cycles économiques entre les Etats-Unis et l’Europe. Ce facteur, sans doute le plus puissant, commence tout juste à redonner de l’air à de nombreux secteurs exportateurs et à une économie européenne qui de loin l’une des plus ouverte aux échanges internationaux.
Ces éléments ont largement contribué au retour des flux de capitaux vers les marchés européens et au renchérissement des indices boursiers. L’indice Stoxx 600 Europe se traite sur un multiple de résultat de 16,7x pour une croissance attendue des résultats de 6,8% en 2015 et 13% en 2016.
Source: Factset, Morningstar.
L’univers des valeurs européennes suivies par les analystes de Morningstar se traitaient à fin février avec une prime de 8% par rapport à leur juste valeur estimée alors qu’elles affichaient une valorisation plus en ligne avec leur valeur intrinsèque fin 2014.
Source: Morningstar.
Comme le montrent les graphiques précédents, les résultats des entreprises n’ont pas encore décollé. L’espoir du marché est donc celui d’un redémarrage des croissances bénéficiaires, qui pourrait bien se produire si la croissance économique européenne se stabilise au regard des efforts de contrôle des coûts des sociétés.
Sans être trop chères, les actions européennes sont sans doute plus risquées qu’en octobre dernier, lors du dernier mouvement de panique des investisseurs. Mais tant que le sentiment des investisseurs sera positif à leur égard, les flux pourraient continuer de faire monter les multiples de valorisation au point de pousser les investisseurs vers des titres de moins bonne qualité, au seul motif qu’ils devraient continuer de monter pour des raisons différentes de leurs fondamentaux.
Les actions pourraient donc devenir encore plus chères qu’elles ne le sont actuellement, sauf si la croissance des résultats se mettait soudainement à accélérer. Et c’est sans doute ce que de nombreux investisseurs, en achetant aujourd’hui des actions, anticipent dans les mois à venir – et c’est bien ce qui devra se matérialiser pour justifier un tel enthousiasme.