Nous avons vu dans de précédents articles les points importants à considérer avant de s’exposer à des classes d’actifs comme les actions ou les obligations. Nous avons également abordé des notions importantes comme la diversification http://www.morningstar.fr/fr/news/137838/limportance-de-la-diversification.aspx , qui est au centre de toute construction d’une allocation. Nous avons aussi rappelé l’ordre d’importance des différentes étapes dans la gestion de ses finances personnelles et des techniques telles que le rebalancement.
Pour mettre tout cela en musique, encore reste-t-il quelques points à considérer que nous allons aborder maintenant.
Les travaux de recherche académique et de nombreux professionnels sont d’accord pour considérer que l’allocation d’actifs est un facteur bien plus important pour atteindre ses objectifs financiers que la sélection de titres ou de fonds.
Une étape centrale pour gérer votre allocation – avant de passer à la sélection de supports d’investissement – est de réfléchir à votre situation personnelle, ce que vous voulez réaliser et votre profil d’investisseur. Ce faisant, il faut répondre à un certain nombre de questions.
Première question : ferez-vous votre allocation vous-mêmes ou utilisez vous un fonds d’allocation ?
Bâtir vous-mêmes votre allocation
Pour : Le gros avantage est que vous pouvez définir vous-mêmes le poids des actions/obligations/liquidités de votre allocation. Des facteurs tels que vos perspectives d’emploi et le niveau futur de votre retraite vont varier selon votre secteur d’activité, tel que cela a été montré dans ce papier de recherche.
Certains investisseurs apprécient également la possibilité de faire évoluer leur allocation de manière tactique – augmenter le poids des liquidités quand ils ont le sentiment que les classes d’actifs sont chères. Cela rappelle d’ailleurs l’importance de la valorisation des actifs quand on construit un portefeuille, comme le rappelle cette vidéo.
Contre : Gérer votre allocation peut prendre beaucoup de temps et requiert un niveau de connaissances minimum dont sont dépourvus beaucoup d’investisseurs. Savez-vous apprécier le niveau de valorisation des actions ? Des obligations ? Avez-vous suffisamment de temps à consacrer au suivi de votre allocation ? Etes-vous suffisamment clair sur le niveau de risque que vous acceptez de prendre et savez-vous prendre des risques au bon moment ? Par exemple, certains investisseurs peuvent considérer qu’il est opportun d’augmenter la part des obligations après une correction boursière, alors que c’est souvent à ces moments que les actions sont le placement le plus attrayant.
Si vous souhaitez vous lancer : Recueillez l’avis de professionnels, soit auprès d’un conseiller financier ou en prenant le temps de vous former à l’allocation d’actifs. Soyez prudent lorsqu’il s’agit d’allocation tactique, car même les professionnels ont du mal à apprécier avec justesse les points de retournement des marchés.
Cette série d’articles devrait vous aider à comprendre ce qu’est une allocation d’actifs et comment la mettre en œuvre. Elle devrait aussi vous donner des idées de fonds d’allocation si vous souhaitez faire appel à un professionnel.
Opter pour une solution « tout en un »
Pour : les fonds datés ou fonds à horizon font le travail d’allocation à votre place. Non seulement ils construisent une allocation de départ, mais la suivent de manière régulière, l’allocation devenant plus prudente au fur et à mesure que la date d’échéance approche.
Contre : tout le monde n’épargne pas en vue de la retraite. Ce fonds ne sont pas adaptés si vous avez une logique d’accumulation de capital à court/moyen terme, comme le remboursement de votre maison ou celui des études de vos enfants. Ces fonds sont construits de manière assez basique, avec une période d’accumulation où l’exposition aux actions est relativement élevée, puis une phase de décroissance au profit des produits de taux au fur et à mesure qu’approche l’échéance du fonds.
Contrairement aux idées reçues, ces produits comportent une part de risque importante, car si la gestion de la poche actions est mal conduite, en particulier dans des phases de correction boursière, la capacité à récupérer le capital initial est limitée.
Si vous souhaitez vous lancer : soyez sélectif. Les outils de Morningstar vous permettent de suivre et d’évaluer dans une certaine mesure les fonds à horizon. Mais prenez la peine de suivre les autres fonds dans lesquels vous êtes investis au côté de ce type de fonds.
Deuxième question : quelle est votre aversion au risque ?
Il est important d’avoir une idée du niveau de volatilité avec lequel vous vous sentez confortable. Est-ce qu’une baisse de 5% des marchés vous met mal à l’aise ou pouvez-vous vous montrer patient si votre portefeuille perd 30% de sa valeur, en supposant que vous êtes convaincu de vos choix de placement ? Les 15 dernières années sur les marchés financiers ont été marquées par deux bulles boursières qui ont explosé pour des raisons différentes avec une onde de choc sur de nombreuses classes d’actifs – la plus violente ayant été celle de 2008 où la seule protection était la détention de cash.
Savoir gérer la volatilité des marchés, c’est-à-dire savoir faire la part des choses entre une panique boursière qui est une source d’opportunité et un krach qui nécessite d’être réactif vous aidera grandement.
Cela vous aidera à éviter de faire ce que la majorité des gens font quand les marchés corrigent : vendre au plus bas et ne commencer à acheter qu’après une hausse de plusieurs mois/années des Bourses. Agir de la sorte requiert de faire preuve de sang froid et de patience et surtout d’avoir une idée relativement clair de la valeur des choses.
Si vous souhaitez un portefeuille peu volatil : Le principal moyen de réduire la volatilité de votre portefeuille consiste à ajuster votre allocation, en faisant toujours à la valorisation des classes d’actifs présentées comme les moins volatiles (mettre des obligations à 10 ans qui rapportent moins de 1% ou des actions qui se traitent à plus de 40x les résultats risque de produire de maigres rendements sur le moyen ou le long terme).
Si vous pouvez tolérer plus de volatilité : vous pouvez alors envisager d’inclure dans votre portefeuille des titres ou des fonds qui ont un profil de risque plus élevé, dans l’optique de générer un rendement supérieur, même si cela se traduit par des mouvements plus volatiles. Certains fonds actions plus concentrés peuvent vous offrir ce type de rendement.