Les entreprises prudentes dans leur distribution de cash

Elles préfèreraient racheter leur dette plutôt que leurs actions, selon une étude.

Jocelyn Jovène 10.06.2015
Facebook Twitter LinkedIn

Les investisseurs qui espèrent une amélioration de la distribution de trésorerie de la part des entreprises, sous forme de dividendes ou de rachats d’actions, pourraient être déçus.

Selon une étude de Bank of America Merrill Lynch, la proportion de la trésorerie générée par les entreprises européennes qui sera distribuée aux actionnaires ne devrait être que de 30%, soit le niveau le plus bas depuis 2010 (graphique), dont seulement 1 point de pourcentage consacré aux rachats d’actions.

Part du cash-flow affecté au dividende et aux rachats d'actions

Source: Bank of America Merrill Lynch

En fait, plutôt que de racheter leurs actions, les entreprises devraient privilégier le rachat de dette.

Cela peut se comprendre si l’on regarde le niveau des taux d’intérêt aujourd’hui, historiquement bas (même négatif si l’on prend les taux réels), et le niveau de valorisation des actions, plus richement valorisées notamment aux Etats-Unis, mais également aussi dans certaines parties de la cote en Europe.

Pour les stratégistes de Merrill Lynch, cette prudence des managements à se montrer plus généreux avec leurs actionnaires peut s’expliquer.

Les marchés financiers se montrent plus volatils malgré l’action de la BCE, ce qui poussent les directions d’entreprises à maintenir un niveau de liquidité élevé au sein de leur bilan – histoire de ne pas se retrouver prises en étau si les marchés devaient se fermer brutalement en cas de stress majeur, comme fin 2008.

« Face à la Grèce et compte tenu des tout débuts du QE de la BCE, les entreprises vont certainement attendre d’être sûres que la reprise est bien installée avant de revenir aux pratiques de rémunérations des actions d’avant-Lehman », écrivent les stratégistes de la banque dans une note datée du 5 juin.

«  A ce stade, c’est le poids de l’austérité (taux de chômage élevé, faible inflation salariale dans la zone euro) qui inhibe les programmes de rachats d’actions », ajoutent-ils.

Pourtant, un regain des rachats d’actions serait un signal particulièrement positif pour les marchés d’actions européens.

Mais peut-être est-ce aussi parce que certains groupes se demandent si, à la faveur d’une reprise de l’activité économique et de la demande en Europe, il ne serait pas plutôt temps de recommencer à investir dans leur outil de production, après des années de vaches maigres et de contrôle des coûts.

 

Facebook Twitter LinkedIn

A propos de l'auteur

Jocelyn Jovène

Jocelyn Jovène  est analyste financier senior et rédacteur en chef de Morningstar France.