Depuis trois mois, les Bourses européennes accusent le coup, après un début d’année en fanfare, et la quasi-totalité des secteurs d’activité sont pénalisés… sauf les valeurs bancaires, qui affichent sur trois mois une hausse de 4,4% quand l’ensemble du marché (Stoxx 600) recule de 1%.
Après des années de sous-performance (graphique), le secteur bancaire européen enregistre un début de surperformance. Question : est-il durable ?
Source: Morningstar, Factset.
Si l’on s’en tient aux fondamentaux, la question doit se poser : les estimations de résultat par action ont peu progressé (+3% depuis fin 2014 selon les données Factset), mais les prévisions des analystes en matière de rentabilité des fonds propres ou de dividendes ont été revues à la baisse (de respectivement 1,5% et 13%...).
Les années où la rentabilité du secteur dépassait allègrement les 15% (graphique) semblent bel et bien révolues. Les raisons de cette chute de la rentabilité sont de plusieurs ordres : un environnement économique beaucoup moins porteur en Europe depuis la crise de 2008, qui pèse sur la croissance du PNB ; un environnement réglementaire beaucoup plus contraignant pour les banques, qui les oblige à réduire la taille de leur bilan (à titre d’illustration, voir la dernière annonce du groupe HSBC) et à sortir des activités les plus « risquées » mais aussi les plus lucratives (banque d’investissement, activités pour compte propre…) ; un environnement de taux enfin qui pénalise la rentabilité des métiers « traditionnels » en comprimant les marges de la banque de détail.
Cette situation peut-elle s’améliorer ? Selon une étude de Citi publiée fin mai, les résultats des banques européennes du premier trimestre 2015 ont battu de 16% les attentes du consensus (contre une publication inférieure de 1% au cours du quatrième trimestre 2014). Ces bonnes surprises s’expliquaient notamment par un produit net bancaire plus élevé que prévu, un meilleur contrôle des coûts et une baisse des provisions.
A court terme, une remontée des taux d’intérêt est également une bonne nouvelle, puisqu’elle signifie que les banques disposent d’un levier supplémentaire pour améliorer leur rentabilité.
De même, sur le moyen terme, le principal moteur de redressement de la rentabilité des banques réside dans la reprise économique et du cycle du crédit en Europe, qui permettra non seulement d’améliorer leur rentabilité, donc leur valorisation (graphique).
Source: Morningstar, Factset.
Une meilleure rentabilité permettrait en outre de mieux supporter l’ensemble des contraintes imposées par les régulateurs, et à terme de pouvoir retourner plus de capital à leurs actionnaires.
Source: Morningstar, Factset.
Le premier trimestre semble indiquer la mise en place d’un cercle vertueux. Celui-ci doit se confirmer pour donner plus de confiance aux investisseurs.