Si l’engouement des sociétés de gestion pour le dispositif du PEA-PME – une enveloppe fiscale qui permet d’investir dans les petites et moyennes capitalisations boursières en Europe – a été réel, les résultats pour les investisseurs sont plus que mitigés.
Au sein de la catégorie Morningstar Actions France Petites et Moyennes Capitalisations, on compte 23 fonds éligibles. 8 fonds ont été créés à cet effet entre octobre 2013 et mai 2015. 15 autres sont des fonds plus anciens qui ont été transformés pour être éligibles à la nouvelle enveloppe fiscale.
Depuis le lancement du dispositif, le constat n’est clairement pas en faveur des fonds PEA-PME. Ces derniers ont en moyenne sous-performé leurs homologues hors dispositif, d’une marge significative. Le constat est tout aussi sévère sur une base ajustée du risque (tableau).
Source: Morningstar.
Ces résultats sont décevants pour les investisseurs. La période d’observation est encore trop courte pour aboutir à une conclusion définitive mais quelques éléments d’explication peuvent d’ores et déjà être avancés.
Tout d’abord, les fonds PEA-PME sont en moyenne proposés à des tarifs plus élevés que les autres fonds de petites et moyennes capitalisations françaises. Les frais courants y sont en moyenne supérieurs de plus de 20 points de base.
Ce différentiel, difficilement justifiable, se cumule année après année et risque de sérieusement éroder la compétitivité des fonds PEA-PME par rapport aux fonds classiques qui ne sont pourtant déjà pas bon marché.
Il faut garder à l’esprit que les investisseurs peuvent s’exposer aux petites et moyennes capitalisations françaises via des ETF pour des frais courants de l’ordre de seulement 50 points de base par an.
D’autre part, la gestion small et mid-caps ne s’improvise pas. Il s’agit en effet d’un univers d’investissement très vaste, où les actions sont peu ou pas couvertes par les courtiers. Cela nécessite donc des ressources importantes en termes de recherche, ce que toutes les sociétés n’ont pas forcément.
Enfin, ce dispositif fiscal présente des contraintes en termes de critères de sélection qui réduisent de facto l’univers d’investissement des fonds PEA-PME par rapport à leurs homologues hors dispositif. Ces derniers pourraient au cours du temps profiter de cette plus grande latitude pour générer de meilleures performances ajustées du risque à long terme.
Si ces résultats initiaux venaient à se confirmer sur plus longue période, ils viendraient tout simplement rappeler une règle fondamentale en matière d’investissement : il est rarement opportun de baser ses décisions sur de seules considérations fiscales et l’attrait de tel ou tel dispositif ne doit pas masquer d’autres faiblesses éventuelles telles que des frais prohibitifs ou une expertise insuffisante.
Voici ci-dessous des fonds de la catégorie Morningstar Actions France Petites et Moyennes Capitalisations bénéficiant d’une Note des Analystes Morningstar positive.
Source: Morningstar.
Rappel sur le PEA-PME
Le décret du 4 mars 2014 a officialisé le lancement de ce dispositif fiscal. Le PEA-PME vise à orienter davantage l’épargne des investisseurs particuliers français vers les petites et moyennes capitalisations, moins prisées que les entreprises du CAC 40 par exemple. Avec les mêmes avantages que le PEA classique, il permet après 5 ans de détention une exonération de l’impôt sur le revenu des plus-values, avec un plafond fixé à 75 000 euros (contre 150 000 euros pour le PEA classique). Pour être éligibles au dispositif, les fonds doivent investir au minimum 75% de leurs actifs dans des sociétés cotées respectant plusieurs critères. Celles-ci doivent compter moins de 5 000 salariés, mais aussi avoir un chiffre d’affaires inférieur à 1,5 milliards d’euros ou un total de bilan inférieur à 2 milliards d’euros.