Notre prévision de croissance pour l’économie américaine reste inchangée, malgré les hauts et les bas des derniers mois. Nous maintenons une fourchette de croissance entre 2% et 2,5% pour le PIB américain cette année, tout comme les trois années précédentes.
Nous ne changeons pas nos prévisions non plus alors que le premier trimestre a déçu beaucoup d’observateurs.
Tout comme l’année dernière, nous nous attendons à ce que le gros de la croissance soit réalisé au cours du second semestre.
L’inflation devrait accélérer dans le courant de l’année à un rythme plus rapide qu’en 2013 ou 2014. L’inflation « core » (hors énergie et alimentation) devrait se situer vers 1,7% sur l’année, en ligne avec les deux précédentes années, mais l’évolution des prix de l’énergie devrait conduire l’inflation apparente à accélérer sur 2015.
Nous cherchons toujours à comprendre comment l’emploi a pu croître si vite avec le niveau de croissance de 2013 et 2014. Notre sentiment est que les prochaines estimations de croissance verront les chiffres d’activité et d’emploi évoluer plus en phase. Nous pensons que le rythme de progression de l’emploi devrait ralentir en 2015 par rapport à 2014. Toutefois, avec la baisse du taux de participation et les départs à la retraite des « baby-boomers », nous pensons que le taux de chômage pourrait continuer de reculer, peut-être jusqu’à un plus bas de 5% en fin d’année.
Nous attendons toujours une remontée des taux d’intérêt, ce qui est négatif pour les obligations. Nous pensons que sans l’intervention de la Fed, le rendement à 10 ans devrait plus se traiter avec un « spread » fixe au-dessus de l’inflation. Peut-être quelque-chose de l’ordre de 2,5% à 3% quand l’inflation est soutenue et entre 1,5% et 2% quand elle est faible.
Si vous prenez la prévision d’inflation de 2% en fin d’année et ajoutez 1,5%, vous avez une idée d’où les taux longs américains devraient se situer fin 2015. Mais comme la Fed continue de manipuler ce taux, nous pensons que le potentiel de remontée des taux longs est sans doute plus bas que ce qu’une approche standard justifierait.
Les entreprises continuent de préserver leur trésorerie, et privilégie les opérations de croissance externe ou les rachats d’actions à l’investissement dans leur outil productif.
Cela est particulièrement écoeurant en ce qui concerne l’industrie pharmaceutique. Plutôt que d’innover, les laboratoires préfèrent se lancer dans le rachat d’autres laboratoires qui offrent des produits à bas coût, pour pouvoir remonter les prix et arrêter les efforts de recherche.
Les données sur l’investissement des entreprises ne sont pas ce qu’elles devraient être. Le graphique suivant illustre l’évolution des dépenses d’achat d’équipements en pourcentage du PIB américain depuis les années 1940 avec une moyenne annuelle de 10 ans. Les Etats-Unis sont clairement sur un plus bas historique.
Il est intéressant de noter que le cours des fabricants de biens d’équipement a sous-performé le reste du marché au cours de l’année écoulée.
Si l’on prend une perspective de plus long terme, l’économie américaine est passée d’une période d’investissement, d’expansion, et de croissance à tout prix dans les années 1950-1960 à une période de conservation du capital qui pèsent sur les perspectives de long terme.
Source: Morningstar.
Le manque de main d’œuvre et un moindre effort d’investissement ne constituent pas un assemblage adéquant au regard des perspectives d’inflation.
Cette problématique n’est certes pas nouvelle, et a été identifiée depuis quelques temps. Certaines industries bénéficient de progrès technologiques, d’autres ont connu des périodes d’intense restructuration (automobile), leur permettant de retrouver un cycle d’innovation et de développement. Personne ne l’avait vu à la veille de la crise de 2008. Qu’est-ce qui nous sauvera donc pour les 10 prochaines années ?