Cet article fait partie de la série "Perspective", qui regroupe des contributions externes. Le texte est le résumé d'une étude rédigée par l'équipe de recherche et de stratégie d'AXA Investment Managers.
La panique dans les marchés financiers est surfaite
A l’ouverture le lundi 24 août, le marché d’action américain a fortement baissé, dans la foulée des marchés européens et asiatiques, l’indice S&P perdant 3% en milieu de session. Comme la Chine est au cœur des nouvelles, qu’elles soient bonnes ou mauvaises, la correction mondiale des marchés d’action doit y trouver sa source.
Il semble que beaucoup d’investisseurs comptaient sur une action décisive de la Banque centrale de Chine (PBC) et aient cédé à la panique à l’idée qu’il n’y aurait peut-être pas de pilote dans l’avion chinois. Il faut bien reconnaitre que les dirigeants chinois n’ont guère aidé les marchés par leur gestion incertaine du krach des actions chinoises ou leur manque de réaction aux signes de ralentissement de la demande intérieure.
Il demeure cependant que la Chine a les moyens de soutenir sa propre demande intérieure en combinant les outils monétaires et budgétaires, même si cela demande de passer outre les réticences de certaines autorités ou des banques.
L’un des paradoxes de la lutte contre la corruption embrassée par les nouveaux dirigeants est qu’elle pourrait avoir dissuadé les autorités locales d’investir en infrastructures. Il n’en reste pas moins que, même si, au sein des autorités, des divergences existent sur de nombreux sujets économiques et financiers, tous se rejoignent sur l’idée que la Chine a besoin d’une demande intérieure et d’une consommation robustes pour que leurs objectifs politiques soient atteints, à commencer par la stabilité politique.
En conclusion, oui, il y a un pilote dans l’avion et nous devrions en entendre parler assez rapidement –c’est la conviction de notre économiste basé à Hong Kong, Aidan Yao.
Un dollar plus faible devrait apaiser les craintes de basse inflation de la Fed
Un élément inhabituel des fortes perturbations dans les marchés est la chute du dollar américain contre les principales devises, l’euro (1.16 contre 1.12 vendredi 21 aout) ou le yen (118 contre 122).
Si les marchés financiers craignaient une choc systémique mondial, comme un atterrissage en catastrophe de l’économie chinoise se répercutant dans l’économie mondiale comme un tremblement de terre de forte magnitude, le dollar, refuge traditionnel et éprouvé, s’apprécierait. L’opposé se produit, probablement parce que les investisseurs ne croient plus que la Fed remontera ses taux cette année.
Ce qui soulève la question : si un dollar plus fort est un obstacle à une hausse de taux, que devrait être l’effet d’un dollar plus faible ? Il est difficile de concevoir que la réaction de la Fed soit asymétrique. Un dollar plus faible entraine une inflation plus élevée, toutes choses égales d’ailleurs, et une plus forte croissance grâce à une production plus compétitive sur le marché intérieur comme sur les marchés à l’exportation. Par conséquent, plus le dollar est faible, plus la probabilité d’une hausse de taux cette année est élevée.
A court terme, les décisions de la PBC importent plus que celles de la Fed
En résumé, le vent de panique qui secoue les marchés, probablement amplifié par les faibles volumes échangés l’été, parait tout à fait surfait. A moins que des évènements politiques imprévus ne surviennent et ne transforment la peur d’une économie mondiale faible et déflationniste (ce qui est partiellement justifié) en risque systémique, la correction devrait être de courte durée et les fondamentaux, comme des perspectives de croissance modestes mais fort éloignées d’un risque de récession, devrait reprendre le dessus.
Le déclencheur d’un rebond des marchés pourrait bien être la prochaine décision de la Banque centrale chinoise, que nous anticipons être une baisse du ratio de réserves obligatoires pour les banques comme des taux directeurs.