Compenser le risque propre aux actions : liquidités ou obligations?

Certains investisseurs se demandent si les liquidités sont préférables aux obligations dans un portefeuille équilibré en cas d'augmentation des taux.

Karen Wallace 25.08.2015
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Cet article a été initialement publié sur www.morningstar.ca le 24 août 2015.

Question: Devrais-je utiliser des liquidités pour diversifier mon portefeuille d'actions? Avec les taux d'intérêt sur le point d'augmenter, ce ne semble pas le bon moment pour acheter des obligations.

Réponse: Les liquidités peuvent en effet contrebalancer le risque propre aux actions. Comme vous y faites allusion dans votre question, les liquidités ne vont pas perdre pied lors d'une baisse du marché boursier; elles ne se déprécieront pas non plus en cas de hausse des taux. Mais selon le temps dont vous disposez, les obligations pourraient constituer un meilleur choix, particulièrement si l'on tient compte de l'inflation.

Votre horizon temporel

Il existe d'emblée une part d'inconnu qui rend cette question difficile. D'une part, chaque investisseur se trouve dans une situation un peu différente. La « bonne » répartition d'actifs dépend de l'horizon temporel d'un investisseur et de sa tolérance du risque. Par exemple, un investisseur qui aura besoin d'argent à très court terme ferait peut-être mieux de conserver des liquidités ou des quasi-espèces.

Bien que les rendements des comptes d'épargne détenus auprès des grandes banques canadiennes traditionnelles soient plutôt misérables à l'heure actuelle, certaines banques en ligne (qui n'ont pas à assumer les dépenses liées à la gestion des succursales, à la rémunération des caissiers, etc.) peuvent offrir des taux proches de 1 %, et, dans bien des cas, des taux plus élevés pour les comptes du marché monétaire ou les certificats de placement garanti. Les obligations à court terme de qualité supérieure ayant des rendements à peine plus élevés, il est difficile de justifier l'éventuelle volatilité du capital associée aux obligations si l'on dispose de très peu de temps.

Mais pour les investisseurs qui ont un peu plus de temps, disons au moins trois ans, un fonds obligataire de court à moyen terme peut paraître logique, même dans l'optique d'une augmentation des taux. Lorsqu'on compare les avantages et les inconvénients des obligations par rapport aux liquidités, il est important de se rappeler que le rendement des liquidités est tellement bas que le pouvoir d'achat diminue si on prend en compte l'inflation, qui devrait selon la Banque du Canada demeurer autour de 2 % dans un avenir immédiat.

Jusqu'où grimperont les taux?

La deuxième raison pour laquelle il est difficile de donner une réponse catégorique à cette question est que nous ne savons pas quand et à quelle rapidité les taux d'intérêt sont susceptibles d'augmenter, et le niveau qu'ils finiront par atteindre. Mais de nombreux observateurs boursiers pensent que les taux d'intérêt à long terme ne devraient pas augmenter rapidement; en fait, la Banque du Canada a réduit ses taux deux fois déjà en 2015.

Chez nos voisins du Sud, on s'accorde à penser que les rendements des obligations sur 10 ans devrait augmenter lentement jusqu'à 3,7 % d'ici décembre 2017, selon les prévisions économiques du Wall Street Journal. Cela limiterait les dégâts subis par un détenteur d'obligations, même parmi les avoirs de base d'un portefeuille obligataire. (La durée des fonds de la catégorie Revenu fixe canadien présente d'énormes variations : 25 des 124 fonds de la catégorie ont une durée de 8 ans ou plus, tandis que 25 autres ont une durée de moins de 5,5 ans. Cet article vous donnera quelques astuces pour vous aider à déterminer la sensibilité de vos avoirs obligataires aux taux d'intérêt.)

« Les gens s'inquiètent de la hausse des taux d'intérêt depuis les cinq dernières années et plus et, 2013 mise à part, la conjoncture des taux d'intérêt a été assez favorable, et il a été préférable d'investir dans les obligations plutôt que les liquidités. Il est difficile de synchroniser les marchés, et donc il vaut mieux construire un portefeuille cohérent et s'y tenir », dit Sarah Bush, analyste chez Morningstar.

Une diversification accrue

Une autre chose à considérer est la diversification du portefeuille, ou la corrélation de vos actifs sous-jacents. Les liquidités ne perdront pas de valeur durant une crise boursière, mais elles n'en prendront pas non plus. En revanche, les obligations peuvent effectivement avoir une corrélation négative aux actions. Lors des ruées vers la qualité, les obligations de qualité élevée (précision importante) et les actions ont souvent (mais pas toujours) une corrélation négative, dit Mme Bush.

Selon les données de Morningstar Direct, les corrélations avoisinent zéro pour les périodes de 3 et 10 ans et sont négatives pour la période de cinq ans. La raison principale est que s'il y a un ralentissement de l'économie ou une ruée vers les titres de qualité (situations dont les risques inquiètent les investisseurs), les obligations profitent de ces inquiétudes. Les cours obligataires augmentent et les rendements diminuent. Les liquidités ne bougent pas et les obligations fourniront dans ce cas une meilleure diversification.

Enfin, il pourrait valoir la peine d'examiner la manière dont les experts de la répartition d'actifs ont abordé la question des liquidités par rapport aux obligations.

Dans cet article, l'analyste Jeff Holt examine les affectations entre fonds à échéancier destinés aux américains à la retraite (investisseurs ayant pris leur retraite en 2005, 2010 et 2015) et signale que l'investisseur moyen de 65 ans qui investit dans les fonds à échéancier détient 7 % de liquidités. La participation aux liquidités est importante pour la préservation du capital, mais il est à craindre que l'inflation finisse par éroder le pouvoir d'achat du retraité.

Outre la participation aux liquidités, de nombreux fonds à échéancier détenus pendant la retraite affectent une part importante de l'actif aux obligations et aux actions. Les obligations indexées à l'inflation sont également devenues monnaie courante au sein des fonds à échéancier, remarque M. Holt, la participation moyenne à cette catégorie d'actifs augmentant au cours de la retraite pour plafonner à 8 %, en moyenne, pour un investisseur de 75 ans.

Cela dit, il est difficile de déterminer une participation aux liquidités qui convienne à tout le monde sans connaître la situation personnelle de chacun. Les retraités devraient donc prendre en compte leurs propres besoins en matière de dépenses pour déterminer combien détenir de liquidités.

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A propos de l'auteur

Karen Wallace  Karen Wallace is an editor with Morningstar.