La crise boursière provoquée par le ralentissement chinois et l’effondrement du cours des matières premières ouvre une perspective inédite pour les marchés d’actions et une nouvelle fenêtre d’opportunité pour les investisseurs.
Sur la base des estimations de valeur des titres suivis par les analystes de Morningstar, 40% de l’univers couvert offre aujourd’hui une opportunité d’achat. En Europe, comme le montre le graphique suivant, la décote de valorisation des actions a atteint 13% lundi, soit le niveau déjà observé en octobre 2014, qui avait constitué un point d’entrée intéressant pour les investisseurs.
Source : Morningstar
Le seul bémol à ce constat optimiste est que l’origine de la crise réside dans la deuxième économie mondiale et que le niveau d’aversion au risque des investisseurs atteint des niveaux que l’on n’avait pas vus depuis plusieurs années.
A titre d’illustration, les indices de volatilité VIX et VSTOXX ont respectivement atteint 40,74 et 40,80 points lundi, alors qu’ils évoluaient autour de 25-26 points pour le premier et de 31-32 points pour le second à la mi-octobre 2014. L'aversion au risque atteint donc des niveaux extrêmes qui font dire à certains brokers qu'il y a actuellement une opportunité de revenir sur les actions.
De même, le rendement du 10 ans américain végète autour des 2% contre 2,14% le 15 octobre 2014. Idem pour le Bund et pour les obligations de la périphérie de la zone euro (hormis la Grèce). Cette baisse des rendements obligataires illustre la recherche de sécurité des investisseurs dans les papiers les moins risqués du marché.
Seul l’or, autre valeur refuge traditionnelle, n’a pas retrouvé les niveaux atteints lors du précédent krach boursier, l’once d’or cotant actuellement 1.138 dollars contre 1.240 dollars il y a 10 mois.
Il ne s’agit là que d’indices épars, mais le sentiment d’ensemble est bien celui d’une très grande prudence des investisseurs, qui privilégient le cash et les actifs les moins risqués en attendant d’y voir plus clair.
Dans ce contexte, deux scénarios semblent se dessiner. Soit les banques centrales parviennent effectivement à calmer le jeu et les prochains statistiques renforcent l’idée d’une reprise économique qui, bien que toujours faible, n’est pas menacée, auquel cas on pourrait assister à un retour massif des investisseurs vers les actifs risqués.
Soit la crise chinoise devient une crise du monde émergent, un peu comme ce que les Etats-Unis ont vécu en 2008, puis l’Europe en 2011, et l’on entrerait dans un « moment Minsky », c’est-à-dire une phase de krach bien plus sévère où les investisseurs sont en mode « sauve qui peut ». Cette perspective est évoquée par quelques experts comme Véronique Riches-Flores de RF Research et par certains gérants de hedge funds comme Jim Chanos.
Dans un scénario noir, les valeurs refuge (bons du Trésor, Bund, cash, or) sont les actifs à privilégier. La meilleure protection pour les investisseurs restera le cash, qui sera par la suite utilement mis à contribution pour trouver de belles opportunités d’investissement sur les marchés actions, qui offriront alors une espérance de rendement beaucoup élevée qu’elle ne l’a été dans un passé récent.