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Ce que l’histoire nous apprend des hausses de taux

La réponse la plus courte est : cela dépend. Le marché obligataire ne répond pas de la même façon aux hausses de taux directeurs de la Fed.

Eric Jacobson 18.09.2015
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Cet article a été initialement publié sur www.morningstar.com le 17 septembre 2015 et a été réédité pour tenir compte de la décision de la Fed.

Les marchés ont une nouvelle fois été déçus par le statu quo de la Fed, qui a décidé de ne rien décider en matière de resserrement monétaire, en raison de la trop faible inflation aux Etats-Unis et du regain de volatilité sur les marchés financiers mondiaux. Ils « pricent » désormais une hausse de 25 points de base lors de la réunion du 16 décembre prochain, avec une probabilité de 62%.

Depuis le début de la crise financière, la Fed et d’autres banques centrales ont conduit une politique monétaire massivement accommodante. Durant cette période, les taux courts américains sont restés sur des niveaux très déprimés, même s’ils se sont légèrement repris cette année. Aujourd’hui, la crainte est que cette hausse se poursuive, avec un krach obligataire à la clef.

Mais que signifie la hausse des taux pour les marchés obligataires dans leur ensemble ? En bref, la réaction des marchés n’est jamais la même. Cela dépend. Selon que les investisseurs pensent que la Fed agit trop vite, trop lentement ou pas assez peut faire la différence.

C’est le message qui ressort du graphique suivant, le premier avec les mouvements de resserrement monétaire des années 2000 et le suivant pendant les années 90. Au cours de la première période, la Fed a relevé ses taux courts d’environ 4 points de pourcentage entre mars 2004 et juin 2006. Par rapport aux précédents cycles, la réaction du marché été mesurée. Les parties longues de la courbe des taux, à 10 et 30 ans, n’ont pas monté plus que la hausse des taux directeurs, entraînant une courbe des taux relativement plate.

Les prix des obligations avaient baissé dans les deux cas, mais en tenant compte des taux d’intérêt, le 10 ans a perdu 1,7% sur la période, tandis que le 30 ans a en réalité gagné 2,2%. L’indice (d’alors) Lehman Brothers Aggregate Bond avait lui gagné 3,4%.

Source : Morningstar.

Les choses peuvent être bien pires. Les cycles de resserrement arrivent rarement à la même vitesse, ampleur ou durée. Lorsque la Fed a relevé brutalement ses taux en 1994, par exemple, les investisseurs ont poussé les taux longs de manière plus incrémentale conduisant à un glissement de la courbe des taux comme illustré ci-après. Cet environnement provoqua une nette correction sur les marchés obligataires. Le fait que la Fed bougea si fort et si vite sur les taux courts aida largement à provoquer une panique parmi les investisseurs.

Résultat : le 10 ans américain perdit 7,9% en 1994, tandis que le 30 ans chuta de plus de 12%. L’indice Aggregate Bond perdit 2,9%.

Source : Morningstar.

Outre la question de la vitesse d’action de la Fed et de son ampleur, d’autres facteurs sont à l’œuvre. Cela inclut la vigueur de la croissance économique et la demande internationale pour les bons du Trésor. Cela rend d’autant plus difficile de déterminer comment les fonds vont réagir après une décision de la Fed.

Voici quelques impacts déjà observés par le passé sur les fonds obligataires :

1) certains mouvements de taux, comme en 1994, peuvent avoir un impact défavorable pour les fonds dont la duration (c’est-à-dire la sensibilité des obligations aux changements de taux d’intérêt) est longue : la catégorie des obligations de long terme de Morningstar avait ainsi perdu 6,8% en 1994. Ses résultats entre mars 2004 et juin 2006 étaient bien meilleurs (0,8%), mais dans les deux cas, la catégorie était dans les bas des classements respectifs.

2) Le revers de la médaille est que même si les taux courts sont les plus sensibles aux décisions de la Fed, les fonds à duration courte surperforment toujours dans les phases de remontée des taux. Toutefois, l’impact peut varier d’un cycle à l’autre, en raison notamment de la vitesse d’action de la Fed.

3) Si l’économie est en bonne santé ou s’améliore, vous pouvez en général vous attendre à ce que les fonds qui ont une sensibilité crédit se comportent mieux que les fonds qui investissent dans les obligations de qualité de maturité longue. Toutefois, cela n’est pas vrai dans tous les marchés. Si les rendements obligataires montent de manière significative, il en va de même pour le coût du crédit des emprunteurs, ce qui peut finalement peser sur leur santé financière.

4) Le dernier cas est celui des fonds qui investissent dans les prêts bancaires – lesquels détiennent des obligations risquées à taux variable. Pour attirer des capitaux, ces fonds promettent en général un minimum de revenu quel que soit le niveau des taux courts. Lorsque ces derniers montent, toutefois, cela signifie que certains prêts ne verront pas leur taux monter tant que les taux courts n’auront pas atteint certains niveaux plancher.

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A propos de l'auteur

Eric Jacobson  Eric Jacobson is Morningstar's director of fixed-income research and an editorial director for mutual fund content.