Deezer, Showroomprive.com, Worldpay, Schaeffler, Scout24, Covestro, Oberthur… De nombreuses entreprises en Europe reprennent le chemin de la Bourse depuis quelques semaines ou ont annoncé leur intention de le faire prochainement. A croire que la volatilité récente des marchés financiers n’effraie guère dirigeants d’entreprises et banquiers d’affaires.
L’aversion au risque des investisseurs, qui s’est traduite par la remontée brutale des indices de volatilité aux Etats-Unis et en Europe et par des sorties massives de capitaux des classes d’actifs les plus risquées, est-elle en train de retomber ?
Un signe ? La mise en Bourse de Worldpay, acteur britannique des paiements en ligne qui a failli tomber dans l’escarcelle du français Ingenico, serait déjà sur-souscrite selon des sources de marché alors que son « pricing » n’a été officialisé que la semaine dernière.
D'autres projets semblent plus à risque. Schaeffler, équipementier automobile, est confronté au ralentissement du marché chinois. Deezer, plate-forme de distribution musicale en ligne, ne gagne pas d'argent...
En fait, plusieurs de ces opérations de mise en Bourse répondent au souhait de certains actionnaires de « monétiser » leur prise de participation – c’est le cas des fonds d’investissement cherchent à afficher un rendement sur investissement (« ROI ») attrayant ou de certains actionnaires historiques, le plus souvent les fondateurs, qui veulent réaliser une plus-value.
Mais la volonté de sortie du capital « d’insiders », c’est-à-dire de personnes qui ont une bien meilleure compréhension de la valeur intrinsèque de leur entreprise, est aussi le reflet d’une situation asymétrique où ces vendeurs ont un avantage que n’ont pas les futurs souscripteurs de l’introduction en Bourse.
Ces derniers doivent donc faire preuve d’une grande vigilance, en particulier lorsque les comparables boursiers sont peu nombreux, voire inexistants. C’est cas de Deezer, puisque son principal rival, Spotify, n’est pas côté en Bourse.
Cette vigilance doit être d’autant plus grande que la valorisation des marchés actions n’est pas particulièrement bon marché et qu’un nombre de directeurs financiers, au Royaume-Uni notamment, s’inquiètent d’une remontée des taux aux Etats-Unis et dans leur pays qui se traduirait par une hausse du coût de financement.
Il ne faut pas non plus oublier que les incertitudes sur la croissance économique mondiale et le risque de déflation sont toujours bien présents et n’ont été que partiellement pris en compte par les marchés.
Tout ceci devrait inciter les candidats à la mise en Bourse à une certaine prudence en termes de prix de cotation proposés – un aspect que ni les émetteurs, ni leurs conseils ne prônent généralement, au détriment de l’intérêt de leurs futurs actionnaires.
Entre le 1er janvier et le 30 septembre, les entreprises ont levé 3,7 milliards de dollars sur le marché français et près de 45 milliards de dollars en Europe (en baisse de 29% par rapport à la même période de l’année précédente), selon les données de ThomsonReuters.