Au cours du mois de septembre, le secteur des télécommunications en Europe a été la lanterne rouge de la Bourse : l’indice Stoxx Europe 600 Telecommunications a perdu 5,7% en un mois contre un marché européen en hausse de 0,3%.
Cette sous-performance aurait pour explication principale la remontée des spreads de crédit aux Etats-Unis et en Europe, avec pour conséquence une augmentation du coût de financement des opérateurs télécoms, généralement endettés de manière significative en raison des lourds investissements qu’ils doivent consentir dans leur réseau pour demeurer compétitifs.
La baisse de l’indice sectoriel a sans doute une autre raison moins « visible » : depuis le début de l’année, on observe une déconnexion croissante entre les multiples de valorisation du secteur et ses fondamentaux.
Un exemple : le ratio cours sur actif net (« price to book ») est actuellement de 1,9x, à comparer à une moyenne historique de 1,8x ; mais la rentabilité des fonds propres à douze mois est actuellement estimée à 10,1% contre un moyenne historique de 12,4x. Autrement dit, le marché s’est un petit peu emballé dans ses attentes de remontée de la rentabilité du secteur, qui sort d’une longue période de déflation et de recul des profits.
On le sait, la multiplication des opérations de croissance externe, la recomposition du capital de nombreux opérateurs (SFR en France) ont laissé espérer une remontée de la rentabilité des opérateurs après une vague de déflation initiée le plus souvent par l’émergence d’opérateurs alternatifs (Iliad en France en janvier 2012).
La disparition de certains opérateurs et les opérations de rapprochement avec les cablo-opérateurs (Numericable-SFR par exemple) ont entraîné une appréciation des multiples de valorisation.
Mais aujourd’hui, certains observateurs, parmi lesquels le régulateur européen des télécoms ou la Commission européenne, s’interrogent sur la viabilité de ces modèles.
Le marché a donc eu vite faite de retrouver ses vieux démons, d’autant que les opérateurs télécoms doivent continuer d’investir massivement pour proposer de nouveaux services à leurs clients, en particulier le très haut débit (fibre optique, 4/5G).
C’est là que le bât blesse. Dans une note publiée cette semaine, les analystes de Natixis s’interrogent sur la capacité des opérateurs télécoms à « monétiser » suffisamment certains de ces nouveaux services (principalement autour des données) pour contrebalancer le déclin de leurs activités historiques.
« La fin imminente du cycle de M&A, accélérée par les récentes prises de position de la Direction de la Concurrene via Mme Vestager, devriat faire revenir la valorisation du secteur vers des niveaux plus acceptables », écrivent les analystes de Natixis dans une note datée du 5 octobre dernier.