N’en déplaise aux cassandres, la reprise économique de la zone euro est toujours là, même si elle demeure faible.
Selon Capital Economics, la croissance du PIB de la zone euro devrait atteindre 1,5% cette année après 0,9% en 2014. « L’économie de la zone euro a plutôt bien traversé la crise grecque et la récente détérioration de l’environnement international », écrivaient ses économistes dans leur dernière publication de prévisions pour le quatrième trimestre 2015.
Ils notaient toutefois que les facteurs de soutien, notamment la baisse du prix des matières premières (qui représente un transfert de pouvoir d’achat des pays producteurs vers les pays consommateurs) et le recul de l’euro, verraient leur contribution à l’activité des entreprises s’atténuer dans les prochains trimestres.
Ces économistes tablent d’ailleurs sur une croissance du PIB de seulement 1% en 2016. Cette prévision tranche avec celle de la BCE qui vise 1,7% de croissance l’an prochain après 1,4% cette année, en tenant compte d’une contribution moins forte du commerce extérieure à l’activité de la zone.
A ce stade, les derniers indicateurs avancés pointent une expansion de l’activité, mais l’économiste en chef de Markit, qui produit cet indicateur avancé, observait récemment : « l’essoufflement de la croissance observé au cours de la dernière période d’enquête fait en effet surgir le risque d’un nouveau ralentissement au quatrième trimestre, tendance qui à son tour, pourrait inciter la Banque centrale européenne à poursuivre et accélérer ses mesures d’assouplissement quantitatif. »
La consommation privée, qui a été le principal moteur de la croissance au cours de l’année écoulée, donne des signes d’essoufflement – que l’on retrouve par exemple dans les chiffres de ventes automobiles. Pour l’heure, le sentiment du consommateur semble se stabiliser après une phase de repli, selon l’enquête mensuelle de la BCE.
Un élément important, plutôt positif d’ailleurs, concerne la distribution de crédit. La dernière enquête de la BCE, qui date de juillet, révèle une tendance toujours positive, en particulier dans les crédits accordés aux entreprises. La BCE notait également un assouplissement des critères de distribution du crédit, en France et en Italie en particulier. Cette distribution du crédit part toutefois de points particulièrement déprimés. Le cycle du crédit donne des signes de redémarrage, mais ceux-ci doivent s’amplifier pour laisser entrevoir des perspectives d’activité plus dynamiques sur le moyen terme.
Un élément plus inquiétant concerne les chiffres d’inflation, qui sont retombés à 0,1% en août, très loin des objectifs de la BCE (cf le dernier tableau de bord de la BCE). Mais là encore, le prix du baril de pétrole, qui a plongé de 41% en un an, explique sans doute une bonne part de cette contraction des chiffres d’inflation.
Ces chiffres ont conduit certains économistes à s’attendre à un nouveau paquet de mesures d’assouplissement quantitatif, qui pourrait être annoncé dès le mois de décembre par la BCE. Jusqu’ici ce type d’annonce a plutôt été un facteur de soutien du prix des actifs financiers plutôt que de l’économie réelle.
Mais pour que les marchés financiers continuent de s’apprécier, il faudra bien aussi qu’à un moment l’activité réelle prenne le relais à travers une poursuite de la baisse du taux de chômage, une reprise de l’investissement et de la consommation privés – des éléments qui jusqu’ici n’ont pas joué.