La baisse de l’euro est-elle terminée ? C’est la question qu’il semble logique de se poser en observant le graphique suivant.
Après avoir chuté de 1,3791 dollar fin 2013 à 1,2141 dollar fin 2014 (-12%), pour atteindre un point bas de 1,055 dollar le 13 avril dernier (-23,5%), le taux de change euro-dollar est reparti à la hausse pour atteindre 1,136 actuellement.
Le mouvement de baisse engagé depuis fin 2013 reflétait à la fois le décalage de croissance entre les Etats-Unis et la zone euro, mais également l’anticipation d’un découplage des politiques monétaires des deux zones – mise en place du « QE » en zone euro et normalisation, c’est-à-dire remontée des taux aux Etats-Unis.
Or depuis le printemps dernier, la perspective d’un resserrement monétaire américain fait long feu et a contribué en partie à la remontée de l’euro face au dollar, de même que la remontée des taux d’intérêt en zone euro (lesquels avaient atteint des niveaux extrêmement bas après la mise en place du « QE » de la BCE). L’appréciation de l’euro serait également liée à l’aversion au risque des investisseurs internationaux : la monnaie unique aurait tendance à s’apprécier pendant les phases « risk-off », estimaient récemment les analystes de Goldman Sachs.
Si l’on s’appuie sur les fondamentaux, notamment les balances courantes des différents partenaires commerciaux, l’euro et le yen étaient légèrement sous-évalués selon les estimations du Peterson Institute for International Economics, publiées en mai dernier.
Dans un contexte d’incertitudes sur la croissance économique et sur l’évolution des taux, il est bien évidemment impossible de faire une prévision sur le taux de change d’équilibre de l’euro face au dollar ou à d’autres devises.
Dans la perspective d’une remontée des taux par la Fed, qui reste toujours incertaine, le risque pour le dollar est plutôt haussier sur le court et moyen terme. De même, si la BCE devait annoncer un « QE2 » dès à présent, l’impact sur la devise serait plutôt baissier. Mais il s’agit surtout d’hypothèses de travail que d’une réalité.
L’incertitude économique actuelle devrait conduire les investisseurs à une grande prudence et à ne pas trop s’inquiéter du sort de l’euro.
Comme l’observait récemment Véronique Riches-Flores, « c’est sur le volet des implications du statu quo de la Fed sur les politiques monétaires des autres grandes banques centrales que s’articuleront les tendances probablement les plus influentes des marchés financiers dans les semaines à venir. »