Croissance mondiale atone, niveau toujours élevé d’endettement dans de nombreux pays. Les gérants de Carmignac ont du mal à envisager l’avenir avec optimisme.
S’ils ne voient pas de risque extrême se matérialiser à court terme, tel qu’un « hard landing » chinois, le ralentissement de la croissance des pays émergents va peser sur le développement des pays développés, en particulier de la zone euro, dont le PIB est le plus exposé au commerce extérieur.
Panne de croissance
Le changement de modèle de l’économie chinoise a plusieurs conséquences, en particulier pour ses partenaires commerciaux. « La Chine était un grand pourvoyeur de liquidités, à travers ses achats de bons du Trésor », rappelle Frédéric Leroux, gérant chez Carmignac, au cours d’une conférence de presse à Paris.
« La Chine commence à vendre ses dollars et participe à une réduction de la liquidité mondiale, ce qui pèse sur le commerce mondial et crée des risques pour l’Europe », a-t-il ajouté.
Or l’Europe est à ce jour la seule zone économique qui affiche une croissance solide, même si encore faible et inférieure à son potentiel.
Aux Etats-Unis, le gérant observe une diminution des commandes dans les enquêtes de conjoncture, tandis qu’au Japon, le contrecoup de l’augmentation de la TVA d’il y a 18 mois se fait encore sentir.
L’efficacité du QE en question
Cette plus grande incertitude au niveau de l’économie mondiale conduit Frédéric Leroux à s’interroger sur l’efficacité des programmes d’achats d’actifs des grandes banques centrales.
« Si le ‘QE’ a fonctionné, c’est peut-être parce que le cycle économique s’est retourné aux Etats-Unis, puis en Europe », a-t-il observé.
« Aujourd’hui, il y a potentiellement un ralentissement de la conjoncture et la question qui se pose est de savoir si le QE peut relancer la croissance ou à tout le moins l’empêcher de chuter », s’est interrogé le gérant.
Il observe en particulier que la mise en place de politiques très accommodantes des banques centrales n’a pas permis de réduction de l’endettement au niveau mondial. Or la soutenabilité de la dette « est toujours en question », ce qui n’est pas sans impact sur la valorisation de certaines classes d’actifs – les taux d’intérêt très bas alimentant des multiples de valorisation élevé dans l’univers actions et des taux d’intérêt très bas dans le monde obligataire.
Préservation du capital
En dépit de performances décevantes depuis le début de l’année, et d’une légère décollecte au niveau du groupe au cours du troisième trimestre (1,1% des encours), le fonds Carmignac Patrimoine conserve un positionnement très défensif.
L’une exposition nette au risque actions est actuellement de 7% (elle peut monter à 50%). L’exposition nette au risque crédit est de 23%. En termes de devises, le choix est largement centré sur l’euro (60% de l’exposition totale du portefeuille) alors que jusqu’ici les gérants avaient marqué une préférence pour le dollar américain.
« Les marchés ne voient pas de hausse des taux avant le second semestre 2016, en raison de la décélération des anticipations d’inflation. Notre positionnement est donc plus offensif sur les taux et le crédit », a indiqué Rose Ouahba, responsable de gestion taux de Carmignac.
La gérante a indiqué s’attendre à une action de la BCE d’ici la fin de l’année. Un message confirmé par l’institution ce jeudi, au terme de la réunion de son conseil des gouverneurs.