Bien que peu d'émetteurs d'obligations à haut rendement en euro exercent leurs activités dans le secteur des matières premières, la classe d'actifs a subi une forte correction, les investisseurs privilégiant des actifs plus sûrs.
Au cours des neuf premiers mois de 2015, le marché des obligations à haut rendement en euro a pâti d'une augmentation de l'aversion au risque liée aux inquiétudes des investisseurs quant au ralentissement économique chinois et à la baisse des prix des matières premières. Dans ce contexte, la catégorie Morningstar EUR High Yield Bond accuse un repli de 0,17 % depuis le début de l'année (en EUR).
Bien que peu d'émetteurs d'obligations à haut rendement en euro exercent leurs activités dans le secteur des matières premières, ou soient directement exposés aux marchés émergents, la classe d'actifs a subi une forte correction, les investisseurs privilégiant les actifs plus sûrs. Néanmoins, ses fondamentaux paraissent encore solides.
Au cours des douze derniers mois, le taux moyen de défauts chez les émetteurs européens d'obligations à haut rendement est resté stable, à 2 %, un chiffre bien inférieur à la moyenne historique à long terme. De nombreux gérants de fonds demeurent donc convaincus de la bonne santé financière des émetteurs d'obligations à haut rendement, et certains ont profité des turbulences sur le marché pour renforcer à bon prix leur exposition aux titres qui leur inspirent le plus confiance.
Le fonds Candriam Bonds Euro High Yield, noté « Bronze » par les analystes Morningstar, signe une performance de 0,88 % depuis le début de l'année, ce qui le classe dans le premier quartile de sa catégorie. Son gérant de longue date, Philippe Noyard (à la tête de la gestion du fonds depuis 1999), continue de sous-pondérer les secteurs liés aux matières premières - matériaux de base et chimie -, leur préférant des secteurs plus résistants, comme les biens de consommation (l'alimentation avec Picard, les télécommunications avec Altice et Telefonica, la santé).
Cette prudence s'est révélée payante face aux soubresauts des marchés cette année, mais le fonds affiche aussi un historique de performances séduisant sur le long terme. Sur dix ans à fin septembre 2015, sa performance annualisée de 5,6 % dépasse celle de la catégorie (5 %), sans risque excessif. La catégorie d'actions proposée aux investisseurs britanniques n'a pas été aussi performante.
Le fonds HSBC GIF Euro High Yield Bond, noté « Silver » par les analystes Morningstar, s'est moins bien comporté depuis le début de l'année, enregistrant une perte de 1,80 % en EUR. Il accuse ainsi un retard sur 80 % des fonds de sa catégorie. Son gérant, Philippe Igigabel, privilégie les émetteurs qui, selon lui, sont relativement insensibles à l'environnement économique, soit en raison de leur modèle stratégique, soit du fait de la solidité de leurs fondamentaux.
Au cours des cinq dernières années, il a donc maintenu une nette surpondération de la dette financière subordonnée, convaincu de l'efficacité des mesures prises par les banques et les assureurs pour assainir leurs bilans après la crise du crédit de 2008. Il a également augmenté l'exposition du fonds à la dette junior des émetteurs non financiers (obligations « hybrides »), qui représentait 24 % des actifs du fonds en septembre 2015, contre 14 % un an auparavant.
Ce positionnement a pesé sur le fonds cette année, la volatilité du marché ayant pénalisé une grande partie des obligations hybrides durant la phase de correction ; EDF et Volkswagen ont figuré parmi les positions les moins performantes au deuxième trimestre 2015. Le gérant reste toutefois confiant dans son positionnement et a profité du repli du marché pour accroître son exposition à certains titres hybrides.
Ces décisions attestent de la dimension contrariante de l'approche qui, malgré un fléchissement à court terme, se révèle très profitable aux investisseurs sur le long terme. Sur dix ans à fin septembre 2015, le fonds signe une performance annualisée de 6,5 % et surclasse ainsi 84 % de ses concurrents, avec un niveau de risque moindre.