A fin novembre, le ratio cours sur juste valeur (price to fair value) des titres européens suivis par les analystes de Morningstar était de 1,01x (graphique).
Source : Morningstar Direct
L’optimisme est revenu sur les marchés actions, en dépit de publications de résultats décevantes au cours du troisième trimestre 2015. Le principal moteur du rebond des multiples a été encore une fois la BCE et l’anticipation d’un resserrement monétaire de la Fed.
Si les annonces de la BCE ont finalement déçu (voir une analyse en vidéo ici), il semble que les investisseurs avaient trop anticipé quant aux mesures prises, avec de surcroît une légère déception sur le montant mensuel des achats d’actifs (qui est resté stable à 60 milliards d’euros).
La saison des publications de résultat fait apparaître un schéma bien connu : les sociétés les plus cycliques déçoivent tandis que les valeurs plus « défensives » ont réussi à faire mieux que le consensus d’environ 6%. Mais dans l’ensemble, les croissances de chiffre d’affaires ont, elles aussi, été inférieures aux attentes.
Les déceptions ne sont pas venues des secteurs de l’énergie et des mines (les prévisions de résultats avaient été déjà fortement revues à la baisse), mais d’autres secteurs comme les transports, les banques, les matériaux de construction, les biens d’équipement ou la technologie.
La remontée des multiples montre que les investisseurs espèrent toujours une accélération de la croissance des résultats en 2016, grâce à un euro plus faible, à des cours de matières premières qui ont chuté (mais cet effet s’atténuera l’an prochain à moins que le cours du pétrole ne rechute encore de 50%) et une croissance du PIB relativement résiliente.
L’histoire se répète : les mêmes espoirs ont en joué un rôle moteur dans le rebond des marchés à la fin de l’année dernière et pourtant la croissance des résultats tant attendue ne s’est pas matérialisée (cf graphique).
Source : UBS
Le cycle des profits en Europe est toujours très en retard sur celui des Etats-Unis, qui est arrivé à maturité (cf graphique), ce qui est sans doute l’une des principales raisons qui explique pourquoi tant d’investisseurs sont toujours surpondérés sur les actions européennes. Pourtant, d’un point de vue de la valorisation, la croissance des profits est en partie déjà intégrée dans les cours de Bourse.
Source : Factset, Morningstar
Pour les investisseurs, cela signifie de porter une grande attention à la valorisation des titres mis en portefeuille et l’intérêt toujours réel de se focaliser sur les titres de qualité, c’est-à-dire ceux qui conservent une bonne visibilité sur leur génération de trésorerie et affichent une rentabilité sensiblement plus élevée que le coût du capital.