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Taux : une année pleine de surprises

L’année 2015 a été marquée par les espoirs (jusqu’ici) déçus de relèvement des taux de la Fed, le QE de la BCE et le retour de la volatilité.

Jocelyn Jovène 16.12.2015
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La hausse des taux longs, attendue par les marchés depuis plusieurs années, a tardé à se concrétiser cette année. L’espoir d’un raffermissement de la croissance économique mondiale et d’un retour de l’inflation, en particulier dans les pays développés, a été déçu à plusieurs reprises : nouveau plan de sauvetage de la Grèce en juillet, interrogations sur la croissance américaine et craintes liées au ralentissement de l’économie chinoise avec la dévaluation surprise du renminbi. Et en toile de fond, la chute des matières premières et des devises émergentes.

L’année a aussi été marquée par le début du programme d’achats d’actifs par la BCE (« Quantitative Easing »), programme dont la durée a été prorogée de six mois en fin d’année. L’anticipation de la mise en œuvre de ce programme, débuté en mars, a d’ailleurs entraîné un écrasement des taux longs, tombés à 5 points de base en avril avant de rebondir violemment en raison de facteurs techniques.

Depuis, la zone euro est apparue comme l’un des rares endroits dans le monde où la croissance semble résister, grâce notamment à la demande interne et à l’atténuation des politiques d’austérité budgétaire.

Dans ce contexte, le rendement à 10 ans du Bund, à 0,55% fin 2014 ne rapportait que 0,57% le 11 décembre dernier. Aux Etats-Unis, le rendement à 10 ans des bons du Trésor est passé de 2,19% à 2,23% tandis que le rendement à 2 ans est passé de 0,69% à 0,95%.

Evolution du rendement à 10 ans des bons du Trésor

Source : Factset, Morningstar.

Evolution du rendement à 10 ans du Bund

Source : Factset, Morningstar.

Les rendements obligataires semblent s’être stabilisés, mais ils sont encore loin d’intégrer un raffermissement de la croissance ou une reprise durable de l’inflation. Les anticipations d’inflation sont toujours sous pression outre-Atlantique, malgré un chômage qui ne cesse de reculer. La raison tient à la chute du cours des matières premières et à l’absence d’inflation salariale.

L’espoir de nombreux stratégistes est que les indices de prix à la consommation commencent à se redresser à partir de début 2016, en raison d’un « effet de base ». En effet, si les cours des matières premières cessent de se détériorer et que l’écart à la croissance potentielle se réduit, les prix à la consommation et les prix aux producteurs pourraient commencer à se redresser – une perspective qui n’est d’ailleurs pas vraiment intégrée par le marché et conduit certains investisseurs à surveiller les obligations indexées sur l’inflation.

Anticipations d'inflation aux Etats-Unis

Source: Federal Reserve of St Louis (FRED)

Si la Fed annonce enfin un premier relèvement de taux, restera encore à savoir si la croissance économique américaine est suffisamment solide pour absorber une remontée graduelle des taux longs (et éviter l’épisode du « taper tantrum » de 2013) et si l’onde de choc d’un dollar qui continue de s’apprécier n’est pas trop dommageable pour la croissance mondiale.

Evolution des taux directeurs de la Fed depuis fin 2005

Source: Factset, Morningstar.

 

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A propos de l'auteur

Jocelyn Jovène

Jocelyn Jovène  est analyste financier senior et rédacteur en chef de Morningstar France.