Après une année 2015 marquée par la bonne performance des actions européennes, Lazard Frères Gestion estime que la classe d’actifs devrait continuer de surperformer en 2016, grâce à l’amélioration de la rentabilité des entreprises de la zone euro et à des effets devises et matières premières favorables.
Le gestionnaire d’actifs, dont l’encours a atteint 17,5 milliards d’euros, anticipe un possible retour en grâce du style « value », aidé par le mouvement de remontée des taux enclenché aux Etats-Unis, auquel l’Europe aura du mal à échapper malgré la divergence des politiques monétaires.
Sur cette thématique, les valeurs bancaires – françaises, espagnoles (en dehors de Santander) voire britanniques, que le gérant privilégie – pourraient être aidées à la fois par une conjoncture bien orientée et par la reconstitution de leurs marges, pour peu que la réglementation ne se durcisse pas davantage.
Par ailleurs, « certaines sociétés exposées à la thématique des matières premières, dans l’acier (Salzgitter), les services collectifs ou d’autres secteurs comme le transport aérien (Air France-KLM) ou l’automobile (Peugeot) pourraient être aidées », a expliqué Régis Bégué, responsable de la gestion actions chez Lazard Frères Gestion.
Le gestionnaire d’actifs estime que l’une des surprises de 2016 pourrait être le retour plus rapide que prévu de l’inflation, sur fond d’une croissance économique mondiale autour de 3% (dont 2,5% en tendance aux Etats-Unis, et 2% en Europe).
Jusqu’ici la chute des matières premières et notamment du pétrole a largement pesé sur les anticipations d’inflation. « On sous-estime l’impact du pétrole sur l’inflation cœur », a expliqué Julien-Pierre Nouen, économiste chez LFG.
A cela s’ajouterait aux Etats-Unis le rythme soutenu des créations d’emplois, alors que la croissance potentielle est plus faible qu’anticipée, qui pourrait entraîner une accélération des salaires horaires – autre facteur de soutien de l’inflation.
Cette situation pourrait s’avérer problématique pour les marchés de taux. D’un côté, la Fed table à ce stade sur quatre remontées de taux au cours de l’année 2016 représentant une hausse de 100 points de base du taux directeur, projection à laquelle le marché n’adhère toujours pas.
« Si l’inflation accélère, il a un risque que la Fed soit obligée elle aussi d’accélérer, prenant de court le marché. Or un ajustement des prix forwards sur les prévisions de la Fed justifierait une remontée des taux 10 ans US de 150 points de base », explique Mathieu Grouès, responsable de la stratégie et de l’allocation d’actifs de LFG.
« Le marché va devoir s’adapter » et regarder davantage les chiffres d’inflation que ceux sur la croissance économique, qui est encore aujourd’hui son principal point d’attention, a expliqué le responsable.