Cet article a été initialement publié dans une version plus longue sur www.morningstar.com en avril 2015. Il a été légèrement édité pour les besoins de l’audience française.
Warren Buffett le répète à l’envi. Les investisseurs doivent toujours bâtir une allocation et investir avec l’idée de préserver leur pouvoir d’achat. L’inflation, le rythme généralisé d’augmentation des prix à la consommation, étant un ennemi potentiel des portefeuilles sur longue période, il est donc important de savoir comment s’en protéger.
Mais pour déterminer la bonne dose de protection (cash, obligations indexées, actions ?), répondre à quelques questions pratiques de gestion financière peut aider.
Où en êtes-vous dans votre cycle d’investissement ?
Accumulation pour la retraite : moins de protection contre l’inflation
Proche de la retraite : plus de protection
Les salariés actifs ont en général un moyen de se préserver d’une augmentation des prix à la consommation : en étant augmentés. Cette capacité à être augmenté dépend pour bonne partie du pouvoir de négociation (individuel ou collectif) dont ils disposent vis-à-vis de leur employeur. Lorsqu’ils travaillent, les salariés sont en phase d’accumulation de leur épargne, dont une partie peut être investie en Bourse avec l’espoir d’un rendement qui compense plus que largement les effets de l’inflation sur leur pouvoir d’achat.
Les retraités sont dans une situation différente. En théorie, une part plus importante de leur patrimoine est investie dans des actifs plus sûrs, notamment des obligations, qui sont plus sensibles à une remontée de l’inflation. La détention d’obligations indexées sur l’inflation fait alors sens.
A quoi ressemble votre allocation ?
Plus d’actions : moins de protection contre l’inflation est nécessaire
Plus d’obligations : plus de protection contre l’inflation
La performance des marchés financiers sur longue période ne montre pas de corrélation très forte et constante entre évolution des prix et rendement des actions. Il semble pourtant qu’il peut y avoir une connexion, puisqu’une économie en croissance, en théorie favorable aux actions, se traduit par une augmentation des coûts de production (salaires, coût du capital) qui peuvent pénaliser certains secteurs d’activité et bénéficier à d’autres (ceux qui ont un pouvoir de négociation important).
Sur longue période néanmoins, les actions semblent la classe d’actifs qui a le mieux résisté aux épisodes inflationnistes, à l’exception des périodes d’hyper-inflation. Depuis le début des années 1980 et la mise en place des politiques de désinflation compétitive dans de nombreux pays, leurs Bourses se sont plutôt bien comportées, aidées en outre par le recul continu des rendements obligataires.
A quoi ressemble votre portefeuille actions ?
Plus d’actions à fort avantage concurrentiel (« wide moat ») : moins de protection nécessaire
Moins d’actions « wide moat » : plus de protection
Certains secteurs d’activité sont plus à même de profiter d’un environnement de faible inflation et de taux bas. Confrontés à des rendements décroissants ou à des incertitudes économiques reflétées dans le bas niveau des taux d’intérêt, les investisseurs privilégient les actifs de rendement et les entreprises qui offrent une croissance visible sur leurs cash-flows ou disposent d’un bilan solide.
Parmi ces entreprises, on trouve surtout des sociétés qui disposent de positions concurrentielles de premier plan, qualifiées de « wide moat » par les analystes de Morningstar. Nous faisons régulièrement des listes de ce type d’entreprises sur notre site (dernière liste en date du 11 janvier). Ces sociétés par nature sont moins sensibles que d’autres au risque inflationniste, puisqu’elles sont le pouvoir de le faire passer à leurs clients.