Les marchés émergents ne sont guère en vogue auprès de la plupart des investisseurs, la classe d’actifs subissant une forte décollecte depuis plusieurs années, reflet des inquiétudes quant à la dynamique de croissance de ces pays et de leur capacité à mettre en place des réformes structurelles pertinentes.
Le cas le plus emblématique est la Chine, qui gère avec grande difficulté sa transition vers une économie plus centrée sur les services et la demande intérieure.
Contrairement à de nombreux pays qui ont laissé filer leur monnaie pour tenter de défendre leur compétitivité, la China n’a que récemment décidé de suivre ce chemin. Elle l’a fait avec mesure à ce stade mais l’a très mal communiqué aux marchés, provoquant les regains de volatilité sur les marchés financiers de l’été 2015 et de ce début d’année.
Pour certains gérants obligataires, toutefois, la dette émergente est une classe d’actifs digne d’intérêt, en particulier dans optique de long terme. Certains, comme Pictet ou Investec AM, privilégient en particulier la dette émergente en devises dures (dollars US) au détriment de la dette en devise locale, en raison d’une grande prudence sur le sort des devises émergentes.
« L’an dernier, la contre-performance de la classe d’actifs en devises locales (-16%) s’est expliquée essentiellement par la chute des devises émergentes », rappelle Eugene Choi de Pictet. Alors que par le passé la classe d’actifs a été secouée par les craintes liées à la remontée des taux américains, en 2015, le risque était plus idiosyncratique, c’est-à-dire lié à des pays spécifiques (Chine, Brésil, Turquie, Afrique du Sud).
Les devises émergentes sont sous-évaluées dans l’ensemble à hauteur de 26% par rapport au dollar, ce qui renvoie aux plus bas observés en 1986 (période du dernier contrechoc pétrolier). Mais leur rebond, rapide, ne sera envisageable que lorsque la dynamique des exportations se redressera et que des réformes crédibles seront mises en place (Afrique du Sud, Russie sont de bons exemples).
Pour Pictet ou Investec AM, la classe d’actifs présente une valorisation particulièrement attrayante, avec un rendement de 7% qui protège contre le risque de duration. Elle attire d’ailleurs des capitaux de la part d’investisseurs institutionnels en quête de rendement, en particulier de la part d’assureurs qui ont des passifs longs et recherchent du portage.
« Le rendement réel est plus attrayant dans le monde émergent que dans le monde développé », explique Peter Eedermans, co-responsable de la gestion dette émergente chez Investec.
L’autre intérêt de la dette en devises fortes est que l’écart de rémunération avec la dette en devise locale est peu important. Cette faible prime de risque justifie donc de privilégier la dette en devises fortes, laquelle s’est bien comportée ces dernières années.