En l’espace d’une semaine, Howard Marks, patron du fonds d’investissement Oaktree Capital et observateur aguerri et suivi des marchés, a publié deux « memos » (dont Buffett et Munger sont d’avides lecteurs).
Une chose inhabituelle pour cet investisseur très écouté, qui a plus l’habitude de n’envoyer que quelques missives dans l’année.
Nous nous concentrerons ici sur son memo du 14 janvier, dans lequel Marks essaie de prendre un peu de recul par rapport à la volatilité des marchés du début d’année et prodigue quelques conseils utiles.
Les marchés financiers reflètent avant tout la psychologie des investisseurs, une masse un peu indéfinissable d’individus qui ont tous des objectifs/intérêts, des contraintes et des horizons d’investissement différents, mais qui sont enclins à commettre des erreurs et à adopter des comportements moutonniers.
Pour faire face au risque « d’erreur humaine » qui guette tout investisseur, Marks recommande plusieurs choses :
Le premier élément essentiel est de « comprendre » l’importance de la psychologie des investisseurs et son influence sur les marchés ;
Le deuxième élément est la capacité à « contrôler ses émotions ». Benjamin Graham disait que le pire ennemi de l’investisseur n’est autre que lui-même. « Un investisseur qui est sujet comme la foule aux erreurs émotionnelles a peu de chance de survivre aux changements de tendance des marchés. Il est absolument nécessaire de maîtriser à la fois son enthousiasme comme ses craintes », explique Marks.
Il est également important « d’avoir le contrôle de son environnement » (« circumstances »). Marks s’adresse ici aux professionnels, qui doivent dans la mesure du possible se prémunir de la psychologie d’autres personnes (flux, variation de la liquidité des marchés, pression de la performance à court terme). Reconnaissons ici que pour un investisseur professionnel, c’est sans doute le plus dur.
Le dernier conseil consiste à être « contrarien », et d’être, comme le dit souvent Buffett « avide (« optimiste » dans la version de Marks) quand tout le monde a peur et vice versa. »
Il s’agit ici surtout pour Marks d’aider les investisseurs à adopter les bons réflexes et à surtout ne pas se laisser emporter par le « sentiment du marché ».
Dans son autre memo, le patron d’Oaktree Capital rappelle trois faits à propos de ce que peuvent « savoir » les marchés :
1. « Le prix du marché reflète simplement le degré moyen de savoir des autres participants. »
2. « Etre un investisseur actif et chercher des inefficiences de marché suppose que vous devez en savoir plus que le consensus. Par définition, vous devez considérer que le marché ne sait pas tout, ou en sait plus que vous ou qu’il a toujours raison. »
3. « Pourquoi prendre vos instructions d’un groupe de personnes qui en sait moins que vous ? »
En résumé, le marché ne peut guère vous battre en matière de savoir, il peut en revanche vous battre en matière d’émotions. « Il ne sert donc à rien de suivre son avis », conclut Marks.