Depuis le début de l’année, les marchés financiers ont identifié trois sources de risque majeur ayant conduit à une augmentation significative de la volatilité : les craintes d’un ralentissement brutal de la Chine avec une dévaluation significative du yuan, une erreur de politique de la Fed et la chute du cours des matières premières, au premier rang desquelles figure le pétrole.
Les stratégistes d’UBS ont tenté de dresser une carte de ces risques (tableau) et de leurs conséquences pour plusieurs classes d’actifs dans une étude publiée le 28 janvier.
Source: UBS
Si l’analyse de ces trois scénarios est conduite de manière indépendante, l’augmentation de la corrélation entre classes d’actifs dans les phases de stress sur les marchés, ainsi que les tensions sur la liquidité de certaines classes d’actifs (crédit haut rendement par exemple), pourraient se traduire par des effets de contagion plus importants qu’anticipé par les marchés.
"Hard landing en Chine"
Le premier de ces risques, c’est la Chine avec la thèse d’un « hard landing » qui se matérialiserait par une croissance du PIB de 4% par an.
Un tel environnement amplifierait la baisse du cours de nombreuses matières premières (choc de demande) avec des conséquences sur le reste du monde émergent (chute des devises du fait de la détérioration des balances courantes dans les pays producteurs de matières premières et fuite de capitaux vers les pays à devises fortes).
L’autre conséquence pourrait être un resserrement des conditions financières ainsi qu’une correction boursière d’ampleur modérée (-8% pour le S&P 500 par exemple).
Erreur de la Fed
Le deuxième risque concerne la Fed qui pourrait soit commettre une erreur de politique monétaire, soit être surprise par une remontée plus rapide que prévu de l‘inflation.
« Une Fed plus restrictive (« hawkish » en anglais) avec une croissance et une inflation faibles est la définition d’une erreur de politique monétaire », estime UBS.
Une telle erreur aurait pour conséquence d’amplifier la décroissance nominale du PIB et de peser sur les perspectives de croissance de l’économie mondiale.
La conséquence pourrait en être une inversion de la courbe des taux et un impact plus douloureux pour le marché américain (-16% pour le S&P 500).
L'autre risque concerne une surprise sur le front de l’inflation, mais ce scénario est peu probable pour UBS. Les marchés émergents souffriraient alors d’une remontée des taux longs, et les actions américaines et le haut rendement devraient également afficher des performances décevantes.
Dans un tel contexte, l’Europe pourrait apparaître comme une valeur refuge, « en particulier si l’accélération de l’inflation s’appuie sur une croissance américaine plus solide. »
Pétrole
Le troisième scénario majeur est la chute du pétrole vers 20 dollars le baril (contre 33,89 dollars actuellement). L’impact à court terme serait, selon UBS, une nouvelle baisse des dépenses d’investissement et des perspectives de croissance aux Etats-Unis, et une augmentation sensible des défauts dans l’univers du haut rendement.
La chute du pétrole entraînerait la résurgence du risque de déflation mondiale, avec la quête de valeurs refuge traditionnelles (Bund, or, yen). Les marchés actions corrigeraient mais sans doute de manière moins violente que dans le deuxième scénario.
Le scénario d’une crise politique en Europe aurait à ce stade un déroulé sans doute plus long que les trois précédents, mais avec des conséquences plus dramatiques pour les actifs risqués européens – le Stoxx pourrait chuter d’environ 26% selon UBS.
Une combinaison des trois scénarios les plus dangereux à court terme conduirait les investisseurs à se positionner massivement sur des actifs refuge : or contre métaux de base, bons du Trésor (avec un positionnement sur la partie intermédiaire de la courbe des taux), vente à découvert des actifs émergents.