Nous avons effectué une analyse détaillée du bilan des banques et de leur exposition au risque lié à l’effondrement du cours des matières premières et notamment du pétrole : il y a de bonnes et de mauvaises nouvelles.
Du côté des bonnes nouvelles, nous pensons que les pertes liées à ce risque sont gérables. La mauvaise nouvelle est que presque toutes les banques n’ont pas provisionné ce risque et plusieurs pourraient faire face à un déficit en capital si des pertes devaient être matérialisées.
Nous avons pris les données du marché obligataire comme point de référence. L’indice S&P 500 Energy Corporate Bond est en baisse de 15% entre son point haut et son point bas, et l’indice Bloomberg USD High Yield Corporate Bond Energy est en baisse de 30%.
Ces deux éléments ont été repris comme mark-to-market (15%) et comme scénario noir (30%). Nous comparons ces éléments aux réserves des banques et à leur niveau de fonds propres.
Cela nous permet de déterminer si les pertes liées à l’énergie seront simplement douloureuses ou si elles peuvent poser un sérieux risque en matière de position en capital.
De manière générale, nous estimons que toute perte inférieure à 10% des fonds propres est considérée comme gérable pour une banque correctement capitalisée. Au-delà nous pensons que le risque est bien plus sérieux.
Les pertes cumulées devraient en moyenne être de l’ordre de 2,7% des fonds propres pour les banques que nous suivons, et de 4,6% des fonds propres dans notre scénario noir.
Pour les banques américaines, qui ont presque toutes publié leurs résultats 2015, celles qui ont le plus d’exposition au secteur de l’énergie ont des réserves représentant en moyenne 2,8% de leurs prêts, très en-deçà des 15% de pertes que les marchés anticipent. Cela signifie que de nouvelles pertes sont probables. Des quatre plus grosses banques, Citigroup et Bank of America sont les plus exposées.
En Europe, la saison des publications de résultats vient juste de débuter. Nous pensons néanmoins que l’exposition devrait être limitée et gérable. A plus long terme toutefois, les pertes cumulées pourraient être plus importantes.
Elles pourraient représenter 10,1% des fonds propres de Commerzbank, 7,8% de Standard Chartered. Nous tablons sur des pertes cumulées de 3,1% pour Barclays, 2% pour Lloyds, UBS et Nordea et moins de 1% pour Danske. Nous pensons que les banques européennes devraient communiquer de manière plus détaillée dans les semaines à venir.