Les marchés financiers broient du noir et la nervosité est très palpable depuis le début de l’année : les indices de volailité sur les actions américaines et européennes se rapprochent des niveaux « stressés » du début d’année (le VIX est au dessus des 23 points, le VSTOXX au-dessus de 30 points).
L’or est l’un des actifs les mieux performants de l’année (gain de 9% depuis le début de l’année à la date du 5 février). Le rendement du 10 ans américain touche 1,83%. Les actions mondiales ont perdu 8,7% depuis le début de l’année.
Les sources de ce regain d’aversion au risque sont bien identifiées.
Peut-on pour autant parler de capitulation de la part des investisseurs ? Non, cela pour plusieurs raisons.
Tout d’abord, les indices de volatilité ne sont pas à des niveaux extrêmes. Le VIX ou le VSTOXX (actions européennes) sont à des niveaux élevés, mais encore en-deçà des niveaux de stress de l'été dernier ou d'octobre 2014 (même s'ils s'en sont fortement rapproché).
Ensuite, les niveaux de valorisation des actions ne sont pas encore à des niveaux suffisamment bas pour offrir une marge de sûreté suffisante pour les investisseurs de long terme (point défendu fin janvier).
Enfin, les flux de capitaux n’ont pas atteint les niveaux de panique des épisodes de 2011 (crise de la dette en zone euro), de 2008 (crise financière mondiale) ou de 2002 (bulle TMT). Ainsi, selon Bank of America Merrill Lynch, les fonds actions auraient subi une décollecte de 34 milliards de dollars depuis le début de l’année, à comparer à 90 milliards en 2011, 85 milliards en 2008 et 65 milliards en 2002 (cf notre dernier commentaire mensuel).
Les sorties de capitaux des fonds actions sont, à ce stade, comparables au mouvement observé sur les marchés en août dernier (36 milliards de dollars selon Merrill Lynch).
Il reste que la toile de fond d’un environnement économique plus difficile continue de se dessiner, justifiant la prudence des investisseurs et la recommandation de certains stratégistes de « vendre sur les phases de rebond », bref de reconstituer des marges de manœuvre quand une correction d’ampleur interviendra.
Les derniers indicateurs avancés publiés ce lundi par l’OCDE montrent en effet une détérioration du cycle économique dans les grandes zones considérées comme sources de risque : Etats-Unis et Chine principalement. En Europe, la situation semble un peu meilleure, mais là encore il faut faire la distinction entre le Royaume-Uni, mal en point, la France qui semble se redresser et l’Allemagne, un peu moribonde.
Cela ne veut pas dire que certaines classes d’actifs, comme le crédit, le haut rendement, ou les actions émergentes n’ont pas déjà atteint des niveaux de valorisation dignes d’intérêt.
Mais tant qu’un des risques identifiés – comme la dévaluation du yuan chinois ou une récession américaine – ne se sera pas matérialisé, il y a peu de chances que les investisseurs institutionnels considèrent qu’ils disposent d’un point d’entrée suffisamment attrayant pour s’exposer davantage aux actifs risqués.