Fonds de pension, moins d’actifs mais plus de qualité

L’année dernière, les encours globaux des fonds de pension ont légèrement baissé, après plusieurs années de croissance soutenue. Il y a des progrès en matière de gouvernance, de diversification du portefeuille et de gestion des risques.

Valerio Baselli 30.03.2016
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Les actifs détenus par les fonds de pension dans le monde s’élevaient à fin 2015 à 35.316 milliards de dollars, soit légèrement moins que les 35.620 milliards à fin 2014. Un (petit) faux pas après avoir marqué une augmentation de 5% par an depuis 2005, lorsque le patrimoine mondial était de 21.000 milliards de dollars. Telle est la conclusion principale de l’étude Global Pension Assets Study 2016, récemment publiée par la société de conseils Watson Willis Tower.

L’analyse prend en compte les fonds de pension des 19 principaux marchés : Australie, Brésil, Canada, France, Allemagne, Hong Kong, Irlande, Japon, Malaisie, Mexique, Pays-Bas, Afrique du Sud, Corée du Sud, Suisse, Royaume-Uni, Etats-Unis ainsi que l'Inde, le Chili et l'Espagne qui sont entrés cette année.

En termes absolus, les États-Unis continuent d'être le plus grand marché de la retraite au monde (21.800 milliards de dollars), suivi avec une certaine distance par le Royaume-Uni (3.200 milliards) et le Japon (2.700 milliards de dollars) . Ensemble, ces trois pays représentent 78,2% des actifs mondiaux. En termes relatifs, cependant, le Mexique est le marché qui a le plus progressé au cours des 10 dernières années, suivie par le Chili et l'Afrique du Sud.

En moyenne, les actifs de ces fonds représentent 80% du Produit Intérieur Brut des 19 pays, bien que prises individuellement les données varient considérablement : elles passent de 183,6% aux Pays-Bas à 3,3% en Espagne.

Ratio des actifs gérés par les fonds de pension et le PIB national

Pensione PIL
Source : Global Pension Assets Study 2016, Willis Tower Watson

L'étude, cependant, porte essentiellement sur les sept principaux marchés (Australie, Canada, Japon, Pays-Bas, la Suisse, l'Angleterre et les États-Unis) qui couvrent environ 93% de l'échantillon. Dans ces pays, les analystes soulignent des améliorations significatives dans plusieurs domaines, notamment dans la gouvernance, ainsi qu’une plus grande attention à la gestion des risques, une concurrence accrue pour attirer des experts en placement, ou le rôle de plus en plus important des facteurs ESG (Environmetal social governance en anglais).

La transition progressive vers le modèle à cotisations déterminées est dirigée par l'Australie (86,6%) et les États-Unis (59,7%) et, globalement, le pourcentage des actifs totaux de ces régimes de retraite ont augmenté de 39,9% en 2005 à 48,4% en 2015 avec une croissance de 7,1% par an contre 3,4% de ceux des fonds à prestations définies.

Des portefeuilles plus “alternatifs”

En ce qui concerne les stratégies d'investissement, l'étude confirme la tendance à l'augmentation des allocations en faveur de produits alternatifs, dont le poids est passé de 5% en 1995 à 24% aujourd'hui, en particulier l'immobilier, mais aussi les hedge funds, le capital-investissement (private equity) et les matières premières.

Allocation d'actifs des fonds de pension des sept grands marchés mondiaux 1996 - 2015Pensione ASAL

Source : Global Pension Assets Study 2016, Willis Tower Watson

Cette tendance a conduit à une réduction des investissements en actions, en particulier domestiques, qui sont passés d'une moyenne de 65% en 1998 à 43% en 2015. Plus précisément, les États-Unis ont maintenu le plus haut niveau des actions nationales (63% en 2015) tandis que le Canada et la Suisse sont les marchés avec la plus faible proportion d'actions de leur propre pays (25% et 35%, respectivement). En ce qui concerne les obligations domestiques, le pourcentage de l'investissement reste très élevé malgré la baisse de 88,2% en 1998 à 76,4% l’année dernière.

Et la France ?

Selon le rapport, le marché français de la retraite s’élève à la fin de 2015 à 151 milliards de dollars, contre 132 milliards il y a 10 ans. Cela dit, l'Hexagone a diminué son poids global au cours de la dernière décennie : le marché français comptait 0,6% des encours globaux en 2005, contre 0,4% en 2015. En revanche, le patrimoine des fonds de pension français en rapport au PIB national est resté inchangé à 6%.

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A propos de l'auteur

Valerio Baselli

Valerio Baselli  est éditorialiste sénior chez Morningstar.