Dans notre précédent point sur le crédit, nous avions averti que le marché du crédit pourrait enregistrer un regain de volatilité. Cela s’est bien produit, le spread de l’indice Morningstar Corporate Credit s’étant écarté de manière significative au cours des six premières semaines de l’année, pour trouver un point bas mi-février puis rebondir par la suite.
Les spreads de crédit ont atteint les niveaux records observés en juin 2012, lorsque les marchés se reprenaient après la crise du crédit de la dette en zone euro.
La chute des prix des matières premières et les craintes de récession ont alimenté le regain de volatilité au début de l’année. Le spread de crédit de notre indice est passé de 168 points de base en début d’année, pour atteindre un pic de 215 points de base mi-février et revenir à 166 points de base le 22 mars.
Le spread de l’indice Bank of America Merrill Lynch High Yield Master II a débuté l’année à 695 points de base, a bondi à 887 points de base le 11 février avant de revenir à 669 points de base le 22 mars.
Durant ces deux périodes, le S&P 500 a chuté de 10,5% avant de récupérer l’essentiel de ses pertes depuis la mi-février. Le prix du pétrole a lui chuté à 26 dollars le baril avant de revenir vers 40 dollars.
Dans une perspective de long terme, hormis la crise financière de 2008, les spreads de crédit sont proches de leur moyenne historique. Ils ont été chahutés par la remontée des spreads dans le secteur de l’énergie.
Depuis le début de l’année, au sein des titres de qualité investissement, le spread de crédit du secteur s’est écarté d’environ 116 points de base avant de faire volte-face et revenir d’où il était parti. Dans notre précédent commentaire trimestriel, nous recommandions aux investisseurs de rester dans des compartiments plus défensifs qui résistent mieux à un environnement plus volatil.
Depuis fin février, nous maintenons notre vue d’un environnement de faible croissance aux Etats-Unis, tout en notant que les spreads de crédit intègrent plus un environnement de type récessif. Avec la stabilisation des prix du pétrole, nous considérons que le rebond du marché du crédit pourrait avoir encore du potentiel de hausse. Nous avons toutefois sous-estimé ce potentiel de rebond dans certains compartiments de la cote.
L’environnement « risk-off » dans les marchés en février dernier a conduit les investisseurs à rechercher la sécurité dans les bons du Trésor, ramenant les rendements vers leurs plus bas historiques.
Depuis, le positionnement a changé du tout au tout, entraînant une remontée des rendements ce qui a conduit certains investisseurs à vendre leurs bons du Trésor pour privilégier les obligations d’entreprises. Toutefois, alors que les taux d’intérêt ont sensiblement remonté au cours des dernières semaines, le rendement des bons du Trésor n’a pas progressé au même rythme. Au 22 mars, les rendements des 5 ans, 10 ans et 30 ans américains étaient de respectivement 1,41%, 1,94% et 2,72%, en moyenne entre 30 et 35 points de base en-deçà des niveaux observés à la fin de l’année dernière.
Même si les spreads ont aussi peu évolué dans l’univers du crédit de qualité investissement, le taux d’intérêt sous-jacent a reculé de façon significative, contribuant au rebond de 2,84% de l’indice Morningstar Corporate Bond. L’indice Morningstar Corporate Eurobond a lui progressé de 2,29% depuis le début de l’année. L’indice Bank of America Merrill Lynch High Yield Master II a enregistré un gain de 3,65%.
Pour le deuxième trimestre, la dynamique à l’oeuvre en début d’année demeure en place et nous pensons que les investisseurs devront vivre avec un regain de volatilité des spreads de crédit. Dans de tels environnements de marché, les investisseurs devraient profiter des phases de correction pour accroître leur exposition aux secteurs dont la dynamique de crédit n’est pas affectée par la chute des matières premières, mais où les spreads de crédit s’écartent en lien avec l’ensemble du marché.