Détenir des actions de la zone euro vous rapporte aujourd’hui un rendement du dividende de 3,3% en moyenne. Si vous le comparez à celui du Bund sur 10 ans (0,19%), le choix est, en termes relatif, plutôt simple.
Ce surcroît de rendement est en apparence attrayant. En apparence, car lorsque la conjoncture se détériore de façon significative, les profits des entreprises sont sous pression, et les dividendes aussi (graphique).
Dividende par action en zone euro (€)
Après 2008, de nombreuses entreprises ont été contraintes de couper leur dividende pour garder des marges de manœuvre financières, la priorité étant à la « préservation du cash ». En outre, elles ont également réduit leurs coûts opérationnels et taillé dans leurs investissements en attendant des jours meilleurs.
Malgré ces efforts, l’évolution de la profitabilité des entreprises de la zone euro ressemble plutôt à un encéphalogramme plat. Une situation d’autant plus étonnante que la conjoncture économique s’est stabilisée, la BCE a lancé son « QE » (ce qui réduit le coût de financement des entreprises et conduit à une baisse de l’euro) et les baisses de coûts auraient dû théoriquement aider les marges des entreprises. Pourquoi cela ne s’est-il pas concrétisé ?
Marge d'exploitation (%) des douze derniers mois
L’explication tiendrait selon certains observateurs au manque de croissance en zone euro : faute d’une croissance suffisamment forte, les chiffres d’affaires ne progressent guère, et les entreprises ne profitent pas de leur levier opérationnel pour « booster » leurs profits.
Pour Marc Renaud, président de Mandarine Gestion, « le discours des entreprises en Europe est plutôt positif et tend à confirmer un début de reprise cyclique. » Mais, avertit le gérant, « le marché américain restera directeur pour les actions en Europe. »
L’autre moteur d’un rebond des profits viendrait d’un retour de l’investissement, qu’un nombre croissant d’investisseurs appellent de leurs vœux.
Dans un contexte de croissance molle, les investisseurs pensent que les dirigeants d’entreprises devraient moderniser leur outil de production plutôt que de s’endetter pour racheter leurs propres actions. Cela se fera-t-il in fine au détriment des dividendes ? Sans doute pas, car un rebond des profits serait une source de distribution supplémentaire pour les actionnaires. Une sorte de jeu gagnant-gagnant.