Cet article a été initialement publié en novembre 2015 sur www.morningstar.com
Stables. Sûrs. En croissance. Les dividendes doivent avoir de nombreuses vertus pour trouver de l’attrait aux yeux des investisseurs. Et ils sont un argument central dans la communication financière des entreprises.
Comment se faire une idée de la qualité et de la pérennité des dividendes d’une firme ? Pour Josh Peters de Morningstar, trois indicateurs peuvent aider les investisseurs.
1) L’avantage concurrentiel (« Economic Moat »)
Le « Moat » évalue la capacité d’une entreprise à dégager une rentabilité du capital investi supérieure au coût des ressources. Il s’agit d’un très bon moyen d’identifier la stabilité du flux de profits d’une entreprise. « Si vous êtes en quête de dividende sur le long terme, vous devez regarder une entreprise sous l’angle de sa capacité bénéficiaire (« earnings power »), ce qui renvoie au positionnement concurrentiel dans une industrie », explique Josh Peters.
« Les entreprises sans avantage concurrentiel ont plus de chance de couper leur dividende que les entreprises ayant un avantage moyen (« Narrow Moat ») ou large (« Wide Moat ») », ajoute-t-il tout en précisant qu’une entreprise « Wide Moat » n’est pas la garantie que le dividende ne sera pas coupé. En 2009, General Electric avait par exemple annoncé une baisse de son dividende.
2) Un bilan solide
Les actionnaires qui perçoivent un dividende arrivent en dernier dans l’ordre des priorités des obligations financières d’une entreprise. Ils ne sont payés qu’une fois que les intérêts sur les prêts bancaires, obligations ont été versés aux créanciers ou aux détenteurs de titres obligataires, et après que les autres parties prenantes de l’entreprise ont été payés (Etat, salariés, fonds de pension…).
La question est de savoir si la file d’attente est longue et ne risque pas de s’allonger. En d’autres termes, si le niveau d’endettement de l’entreprise est raisonnable, cohérent avec l’activité et sous contrôle. Le meilleur conseil sur ce plan est d’éviter les entreprises trop endettées.
Il est également important de connaître toutes les parties qui peuvent avoir un droit sur les cash-flows de l’entreprise. Les investisseurs devraient donc se focaliser sur les entreprises disposant d’une trésorerie ou de lignes de crédit suffisantes.
3) Un taux de distribution équilibré
Le taux de distribution représente la part des profits qui est distribuée sous forme de dividende. Par exemple, une entreprise qui gagne 2 euros par action et paie 1,20 euro de dividende, distribue 60% de son résultat. Le taux de distribution est un élément important pour apprécier le potentiel de croissance d’une entreprise. Car ce qui n’est pas distribué est théoriquement réinvesti dans l’activité, alimentant ainsi la croissance des profits.
« Le taux de distribution est sans doute l’un des critères les plus importants pour évaluer la sûreté du dividende », note Josh Peters. « Mais il y a une tension sur ce point. » Un faible taux de distribution est plus sûr qu’un taux de distribution élevé, car les profits peuvent baisser de façon plus importante avant que le dividende ne soit touché. Mais se focaliser sur les entreprises ayant de faibles taux de distribution se traduira par un faible rendement du dividende.
Et finalement, le management
« Tout ce qui précède doit être considéré dans le contexte de l’équipe de direction de l’entreprise », rappelle Peters. Si le management n’est pas dédié à maintenir le dividende, la qualité du modèle économique de l’entreprise, sa solidité financière ou le niveau du taux de distribution n’auront guère d’importance.
Josh Peters recommande de regarder l’histoire passée de l’entreprise et si des coupes de dividendes sont intervenues au cours des 10-20 dernières années. « Cela peut être une grande source d’enseignement pour l’investisseur », note-t-il.