En l’espace de 10 ans, les fonds d’investissement (« private equity ») ont connu la fin d’une période d’exubérance irrationnelle avec la crise financière de 2008 pour entrer dans une phase d’ajustement et de retour à un âge de raison.
L’an dernier, le private equity a levé 527 milliards de dollars dans le monde, en repli de 5% par rapport à 2014, selon les données de Bain & Co. Un chiffre très en-deçà des records de 2007 et 2008 (respectivement 666 et 681 milliards de dollars), mais qui montre malgré tout un regain d’intérêt manifeste de la part d’investisseurs institutionnels en quête de rendement.
Il faut dire que l’industrie revient de loin. Si elle n’avait pas bénéficié de l’intervention massive des banques centrales, qui après 2008 ont massivement baissé le coût de financement des entreprises dans lesquels les fonds étaient investis, le nombre « d’accidents industriels » dans le secteur des fonds d’investissement aurait sans doute été plus important.
La baisse des taux d’intérêt a également été l’occasion pour de nombreux fonds de revoir la structure du capital et de refinancer à de meilleures conditions la dette levée pour réaliser certaines de leurs transactions passées – en particulier celles réalisées sur des multiples de valorisation parfois excessifs.
Les fonds d’investissement ont été en outre en mesure de rendre plus d’argent à leurs contributeurs qu’ils n’en ont levé et ce pour la cinquième année consécutive depuis 2011. A fin 2015, l’industrie disposait par ailleurs d’importantes liquidités prêtes à être investies pour le compte de leurs clients (1,3 billion de dollars selon Bain).
Malgré un bilan relativement positif, l’industrie fait face à de nouveaux défis. Si les levées de capitaux se déroulent relativement bien, avec de nombreux fonds qui ont levés parfois plus de 10 milliards de dollars, les demandes des investisseurs évoluent, selon Bain.
Certains cherchent à rationaliser leur exposition au private equity, réduire les coûts administratifs et surtout négocier des commissions plus favorables.
L’autre défi est celui de lever beaucoup d’argent et de l’investir à bon escient, en particulier lorsque les niveaux de valorisation ont bien remonté et surtout lorsque les acheteurs non financiers sont eux aussi en quête d’opportunités de croissance. Cela crée un environnement plus difficile pour les fonds d’investissement.
Pour les investisseurs, cela ne rend que plus drastique leur processus d’évaluation et de sélection.