L'impensable est arrivé : la majorité des Britanniques ont voté pour quitter l'Union européenne. Les marchés ont réagi avec des pertes importantes et une forte volatilité qui met à rude épreuve les nerfs des investisseurs, même professionnels.
« Le résultat du référendum a été une surprise pour tout le monde, personne ne l'attendait. Maintenant, il faudra comprendre ce qui se passera dans les prochains mois », a commenté François-Xavier Chauchat, économiste chez Dorval Asset Management, lors d’une conférence de presse organisée mardi à Paris.
« Le Brexit peut être qualifié de ‘Lehman Brothers’ politique, mais n’est pas un choc économique et financier immédiat, sauf pour le Royaume-Uni », a-t-il continué. « Contrairement aux crises financières et monétaires, la contagion d’un choc politique à la sphère économique ne suit pas de chemins prédéfinis, bien que les investisseurs aient souvent tendance à exagérer l'impact des événements politiques sur la finance. »
Cette nouvelle arrive dans une période où la conjoncture européenne semble repartir : le rythme de sa croissance annuelle est prévu à 1,5% pour cette année, à comparer avec un taux du même ordre, mais en négatif, trois ans plus tôt. Cette dynamique est portée par la demande intérieure, sachant que le Royaume-Uni concentre environ 10% du commerce intra-européen, lequel vient juste de retrouver son niveau de 2008. Cette reprise est-elle donc menacée ?
Selon l’expert de Dorval AM (plus de 700 millions d’euros d’encours sous gestion), l’économie britannique subira un choc négatif d’investissement, de confiance et d’emplois. L’impact sur l’Europe continentale dépendra de nombreux facteurs, comme l’ampleur de la baisse des exportations vers le pays. Cela dit, il n’est pas exclu que le Brexit puisse même induire quelques effets positifs : des investissements prévus pour le Royaume-Uni pourraient être rédigés vers l’Europe continentale ; le choc politique pourrait aussi être utilisé comme occasion pour baisser les impôts et « calmer » ainsi les populismes qui gagnent du terrain.
Europe en « stand-by », avec quelque pari stratégique
Dans un tel scénario, en attendant d’y voir plus clair, les gérants de Dorval AM ont en partie changé leur allocation d’actifs, notamment sur les actions européennes. « Nous avons décidé de mettre de côté pour le moment la thématique de la ‘dynamo européenne’, portée par le retour de la croissance interne et de la confiance dans l’UE, en faveur des sociétés, en Europe et ailleurs, qui bénéficient les plus de la stabilisation des marchés émergents ; certains pays comme le Brésil, la Russie et la Turquie connaissent une désinflation bénéfique », explique François-Xavier Chauchat.
Mais cela n’interdit pas de profiter des exagérations de marché qui peuvent fournir des opportunités d’achat. « Les valeurs bancaires peuvent présenter un intérêt dans une logique ‘value’ – a estimé François-Xavier Chauchat – en perdant 18% le 24 juin, les banques de la zone euro ont connu leur plus forte baisse historique sur un seul jour, alors qu’elles n’avaient perdu que 5,9% le jour de la chute de Lehman Brothers. »