Jusqu’ici, les marchés semblent avoir plutôt bien digéré le « Brexit ». Les indices actions n’ont pas connu de krach d’ampleur. Les indices de volatilité sont revenus sur des niveaux raisonnables.
Cependant, les flux de fonds suivis par Morningstar indiquent une certaine prudence de la part des investisseurs, qui privilégient toujours les fonds obligataires et monétaires plutôt que les fonds actions qu’ils désertent depuis plusieurs mois maintenant.
Mais le plus inquiétant est de voir les rendements obligataires aux Etats-Unis chuter quand la Bourse américaine se situe sur ses plus hauts niveaux historiques : le S&P 500 affiche un gain annuel de 2,9% à 2.102,95 points quand le rendement à 10 ans des bons du Trésor dégringole à 1,38%.
Une fois encore, les marchés actions et obligataires ne voient pas l’avenir de la même façon.
Clairement, le niveau des bons du Trésor envoie un signal de prudence, quand les actions américaines font montre d’un relatif optimisme – alors que les estimations de résultats ne pointent pas vraiment vers une croissance soutenue des profits cette année et que les multiples de valorisation du marché américain sont relativement tendus.
Pourquoi les rendements obligataires sont-ils si faibles ?
Dans un récent commentaire, Dave Sekera de Morningstar soulignait une forme d’attentisme de la part des investisseurs. Ces derniers tablent sur l’arrêt du mouvement de hausse des taux de la Fed, qui n’a à ce stade réalisé qu’une hausse en décembre dernier.
Au regard des derniers commentaires de la Fed, les investisseurs avaient revu à la baisse le nombre de hausses prévues cette année. Après le Brexit, ils ne voient plus de hausse avant plusieurs trimestres, voire même une nouvelle intervention si le Brexit devait avoir un impact sur la croissance américaine, toujours moribonde.
L’anticipation d’une politique monétaire durablement accommodante n’a fait qu’amplifier la quête de rendement, conduisant les investisseurs à acheter des taux. Ce mouvement pourrait s’arrêter si les prochaines statistiques économiques rassurent et surtout si le Brexit ne crée pas de contagion.
Cela signifierait que le marché obligataire a fait preuve d’un excès de pessimisme, alors que les indices boursiers ont été plus raisonnables.
Dans l’éventualité où ce serait le marché obligataire qui aurait raison, cela signifierait que l’on pourrait bien entrer dans une phase de correction boursière d’ampleur. Ce scénario noir n’est pas encore à l’œuvre. Mais rien à ce stade ne permet de l’écarter totalement.