Pour les investisseurs, il est essentiel de comprendre ce qui pilote la performance des fonds dans lesquels ils investissent. Cette connaissance détaillée leur permet de comprendre la performance passée et d’établir des scénarii quant aux performances futures, en fonction des conditions de marché.
L’exposition à divers facteurs de risque peut varier d’un fonds à l’autre, y compris pour des fonds dans une même catégorie.
Pour aider les investisseurs, Morningstar vient de lancer un modèle de risque multifactoriel qui permet d’analyser la performance d’un fonds à partir de 36 facteurs de risque, incluant les styles, secteurs, régions, les changes, ainsi que des indicateurs propriétaires de Morningstar lié à sa recherche quantitative.
Etude de cas
Nous avons utilisé ce modèle pour évaluer deux fonds actions globaux : les fonds Skagen Global et Nordea-1 Global Stable Equity. Ces fonds appartiennent à la catégorie des grandes capitalisations boursières de style value, mais utilisent des approches différentes.
Le fonds de Skagen gère 3,4 milliards d’euros d’actifs, visant des sociétés qui sont impopulaires, sous-évaluées et peu voire pas couvertes par la recherche (« Unpopular, Undervalued, Unresearched »). A travers le modèle de risque multifactoriel, nous avons la possibilité de déterminer si ce fonds, noté Bronze, tient bien ses promesses.
A l’opposé, le fonds Nordea, avec 2,4 milliards d’euros d’actifs gérés (noté Bronze) cherche à investir dans des entreprises stables et généralement raisonnablement valorisées.
Quelles différences ?
Peu de différences apparaissent sur la gestion de la liquidité ou sur leur préférence pour des titres « value » ou « growth ». Le seul facteur de risque pour lequel on peut noter une divergence est la volatilité : les actions du fonds Nordea tendent à être moins volatiles que celles du fonds de Skagen. Nordea semble donc s’exposer à des titres ou secteurs peu volatils, comme la santé ou la consommation défensive. Mais ce n’est pas tout.
L’analyse des facteurs de risque propriétaire fait ressortir d’autres conclusions.
Les titres ayant un avantage concurrentiel durable (« Moat ») tendent à être très présents dans le portefeuille du fonds de Nordea, caractéristique qui s’est renforcée au cours des trois dernières années. Le fonds Skagen Global n’évitent pas les sociétés ayant un moat, mais ce n’est pas un facteur déterminant de la performance.
D’autres facteurs sont plus prévalents pour ce dernier comme la santé financière des sociétés qu’il détient. Le fonds tend à privilégier de plus en plus les entreprises ayant un bilan solide. Cette tendance correspond d’ailleurs à l’arrivée d’un nouveau gérant lead, Knut Gezelius, en novembre 2015.
Qu’en est-il des trois « U » du fonds Skagen ? Du point de vue de la valorisation, le choix du gérant a clairement privilégié des titres décotés par rapport à leur juste valeur.
La popularité des titres en portefeuille permet d’évaluer le fait que le gérant choisit ou non des titres délaissés par le marché. A cette aune, les choix semblent plus volatils et il n’y a pas de tendance forte. Il apparaît même qu’il y a peu de différence sur ce critère entre les deux fonds.
Le troisième « U » n’est pas directement mesurable à travers les critères analysés par Morningstar. Toutefois, le fonds Skagen a plutôt privilégié des titres de grande capitalisation, qui tendent à être plus suivis par les analystes que les petites valeurs. D’ailleurs, le gérant parle moins du nombre d’analystes qui suivent tel ou tel titre dans le fonds que ce que le marché ne comprend pas sur l’histoire de tel ou tel titre.