Les investisseurs du vieux continent ont connu le mois de Juin avec une seule idée en tête : le « Brexit ». La photographie mensuelle de l'univers des Exchange Traded Products (ETP) européens confirme le retour de l'or, considéré comme valeur refuge par excellence en périodes de grande incertitude.
Les trackers sont de plus en plus utilisés comme un outil pour prendre position à court terme. Leurs performances peuvent donner une idée du « sentiment » des investisseurs, sans que les rendements soient « faussés » par les choix (bons ou mauvais) d'un gestionnaire actif.
D’après les données Morningstar, en juin, entre le meilleur et le pire ETP l’écart de performance dépasse 44 points de pourcentage (produits à effet de levier et vente à découvert exclus).
Un mois d’or
Du côté des gagnants, nous trouvons 5 fonds dédiés aux matières premières, dont 4 exposés au métal jaune. L’or (+22% depuis le premier janvier en euros) avait déjà bénéficié de la forte volatilité du début de l'année, mais c’est le résultat du référendum britannique qui a donné l’impulsion finale. « Le choc financier résultant du ‘Brexit’ a permis d’atteindre un pic de trois ans dans le nombre de nouveaux investisseurs en or », observe le dernier rapport de BullionVault, société britannique qui fournit des services pour l'achat et la vente de métaux précieux. Dans les jours suivants le referendum, le nombre de ventes a bondi de 148% par rapport à la moyenne des 12 mois précédents, enregistrant un record historique depuis que la société de BullionVault existe (2005).
Outre le métal précieux, le « Top 10 » de juin voit également 5 trackers exposés au marché boursier brésilien, une classe d’actifs qui a été parmi les 10 pires ETP du mois dernier.
Valeurs bancaires dans la tempête
Le même discours peut être tenu dans le sens inverse pour le produit de Lyxor exposé à la Bourse d’Athènes, qui se trouvait au sommet parmi les plus performants en mai, et qui se retrouve en juin parmi les fonds qui ont perdu le plus.
Mais au sein du « Flop 10 » de juin, il y a surtout les produits exposés au secteur financier européen. Le système bancaire européen est en effet sous pression, en particulier les banques italiennes qui se retrouvent à nouveau dans la tempête : depuis le début de l'année, le secteur a perdu 60 % de sa valeur et attend avec appréhension les résultats des « stress tests » de l'Autorité bancaire européenne, lesquels seront publiés le 29 juillet prochain.
A la veille du referendum britannique, la BCE a envoyé une lettre au management du Monte dei Paschi di Siena (BMPS) imposant un plan de trois ans afin d’éliminer au moins une douzaine de milliards d'euros de créances douteuses brutes, sur environ 27 milliards. La réaction du marché a été violente, le titre ayant atteint un nouveau plus bas en dessous du milliard d’euros de capitalisation.
La plus ancienne banque du monde n’est certainement pas la seule à se retrouver dans des eaux troubles. « Sept des 47 banques composants l’indice STOXX 600 EURO sont actuellement au-dessus du niveau de danger (mesuré par le Texas Ratio, Ndlr) et trois d’entre elles sont des banques italiennes. Juste au-dessous du niveau maximum, cependant, nous trouvons deux autres banques italiennes - Unicredit et Banca Intesa – ce qui laisse bien comprendre l'ampleur de la crise », lit-on dans une note rédigée par Saxo Bank.
Pendant ce temps, en attendant les si redoutés tests de l’EBA, le gouvernement italien pense à une éventuelle intervention publique avec la création d’une « bad bank » qui récupèrerait des prêts non performants, tout en cherchant à trouver une solution politique avec les autorités européennes. Les autres membres de la zone euro ne semblent pas disposés pour l'instant à permettre à l'exécutif transalpin d'injecter de nouveaux capitaux dans ses banques, en dehors de l'article 32 (applicable pour le moment seulement à BMPS).
Cela dit, des négociations sont en cours avec la Commission européenne et ont déjà porté quelques fruits. Bruxelles a donné son feu vert à la constitution d'un fonds doté de 150 milliards d'euros de soutien aux banques, bénéficiant d'une garantie de l'Etat. Un mécanisme autorisé pour une période de six mois.