Le vote du « Brexit » a créé un certain nombre d’incertitudes d’ordre politique et économique. Mais les marchés semblent avoir bien digéré l’événement, aidés par de bons chiffres de l’emploi aux Etats-Unis ainsi que des chiffres de croissance en ligne avec les attentes en Chine.
Si l’économie mondiale ne semble toujours pas sortie du chemin de croissance molle sans inflation qu’elle suit depuis plus de cinq ans maintenant, elle n’entre pas non plus dans une phase de correction majeure.
Le « Brexit » soulève un certain nombre de questions chez les investisseurs, que les stratégistes d’UBS ont récemment résumé dans une note à leurs clients, datée du 18 juillet.
Quel est l’impact économique du vote britannique ?
Pour de nombreux économistes, la croissance économique du Royaume-Uni sera proche de zéro l’an prochain et certains envisagent même une récession dans le pays. La zone euro ne sera pas épargnée, le consensus ayant revu à la baisse son estimation de croissance pour l’ensemble autour de 1,2%-1,3% contre 1,7% auparavant. Le Brexit devrait avoir un impact, au moins à court terme, sur la confiance des consommateurs, ainsi que sur les prévisions d’activité et la volonté d’investir des entreprises. Un impact défavorable sur le marché immobilier britannique est également, ce dernier se situant sur des niveaux de valorisation excessifs.
Quel impact sur les profits des entreprises ?
Le consensus prévoit une contraction de 1,8% des profits des entreprises constituant l’indice Stoxx Europe 600 cette année. Il attend toutefois un net rebond l’an prochain (+13,5%) – un chiffre qui a toutefois de grandes chances d’être révisé à la baisse si l’environnement économique et financier n’évolue guère.
La surprise pourrait venir des entreprises britanniques, car une majorité des grandes capitalisations boursières du pays sont très internationalisées et pourraient profiter de la chute de la livre sterling. Selon UBS, une baisse de 10% de la livre par rapport au dollar a un effet positif de 6% sur les profits des entreprises du pays.
Quel impact sur la valorsation des actions européennes ?
Dans l’ensemble, les actions européennes n’offrent pas de marge de sûreté suffisante, même si elles se traitent avec une légère décote par rapport à la juste valeur estimée des analystes de Morningstar.
Le P/E pour 2017 des actions composant le Stoxx Europe 600 est de 14,3x en ligne avec sa moyenne depuis 1999.
Y a-t-il encore des secteurs d’activité attrayants ?
Peu de secteurs affichent des décotes de valorisation significatives, mais certains semblent encore receler de la valeur, comme les télécommunications ou la santé. Certains compartiments industriels ou des services peuvent être attrayants. En revanche, les compartiments les plus défensifs (consommation courante) sont très chers et pourraient le demeurer aussi longtemps que les taux seront bas et qu’il n’y aura pas de retour de l’inflation. Le secteur bancaire, extrêmement décoté, reste boudé par les investisseurs.
Jusqu’où peuvent aller les taux longs ?
Le mouvement de baisse des taux longs traduit à la fois des effets psychologiques (recherche de valeurs refuge), ainsi que des éléments techniques (intervention de la BCE, réduction des émissions des pays les mieux notés comme l’Allemagne). Ce repli des taux longs signifie que l’écart de rendement entre un placement en actions et en obligations ne cesse de s’accroître, mais également que les entreprises ont l’opportunité de se financer sur les marchés à des niveaux historiquement faibles.
Une opportunité que ne laissent pas passer nombre d’entre elles, et qui offrent autant de choix aux investisseurs désireux de s’exposer au crédit. Cette classe d’actifs offre d’ailleurs de nombreux mérites, l’important étant de privilégier les émetteurs de grande qualité ou de parier sur des sociétés dont les spreads ne reflètent pas encore l’amélioration des fondamentaux.
Le mouvement de baisse des taux semble appelé à perdurer tant que les banques centrales poursuivront leur politique accommodante et que la croissance mondiale ne sera pas plus vigoureuse.