Crédit : la BCE peu regardante sur la qualité de ce qu’elle achète

Le programme d’achat d’obligations privées touche une large palette de ratings et s’aventure hors des frontières de la zone euro.

Jocelyn Jovène 20.07.2016
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Depuis le 8 juin, date de début de son programme d’achat d’obligations privées, la BCE a acheté 440 obligations différentes, avec une prépondérance d’émetteurs allemands, italiens et français.

Au total, l’institution de Francfort débourse entre 8 et 9 milliards d’euros chaque mois, constituant un important soutien du marché obligataire.

Sur la base des statistiques publiées par la BCE en date du 19 juillet, les titres les plus achetés par l’institution sont ceux de la Deutsche Bahn, suivie de Telefonica, BMW, Daimler, ENI, Orange, Air Liquide, Engie, Iberdrola, Total et Enel.

Etonnamment, la banque centrale ne s’est pas limitée aux qualités de crédit les plus sûres. Elle s’est également aventurée sur des terrains plus risqués, achetant des obligations « Investment grade » les moins bien notées (RWE, Metro, Renault), des sociétés ayant connu des parcours boursiers volatils (Volkswagen, Glencore, EDF) ainsi que des noms d’entreprises considérés comme faisant partie de la catégorie « high yield » (Telecom Italia, Lufthansa).

Elle s’est également aventurée hors d’Europe, achetant des émetteurs américains (Bunge, Caterpillar), britanniques (Glencore, Kerry Group, Ryanair), et suisses (Adecco, Nestlé, Holcim).

Enfin, elle a été jusqu’à acheter des obligations ayant un rendement négatif, c’est notamment le cas avec les titres émis par Deutsche Bahn.

Pour les gérants obligataires, cette situation peut être une source d’opportunité, car à ce stade, les décisions d’achats de la BCE font apparaître des biais que certains courtiers jugent possible d’exploiter.

Ainsi, l’institution n’a pas acheté autant de titres émis par des entreprises françaises que ce qu’attendaient certains intervenants du marché. De même, elle s’est assez peu exposée aux entreprises industrielles et de services les plus cycliques. Jusqu’ici le programme a plutôt fait la part belle aux services collectifs (28% des titres achetés).
 

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Valeurs citées dans l'article

NomValeurVariation (%)Notation Morningstar
Adecco Group AG22,02 CHF0,46
Air Liquide SA154,34 EUR0,06Rating
Bayerische Motoren Werke AG76,94 EUR-0,82Rating
Bunge Ltd78,68 USD-0,53
Caterpillar Inc365,73 USD-0,50Rating
Ceconomy AG2,58 EUR-0,92
Deutsche Lufthansa AG6,19 EUR-0,19Rating
Enel SpA6,80 EUR-0,10Rating
Engie SA14,95 EUR-0,27Rating
Eni SpA12,70 EUR-0,16
Glencore PLC355,35 GBX0,35Rating
Iberdrola SA13,14 EUR0,00Rating
Kerry Group PLC Class A92,20 EUR0,66Rating
Mercedes-Benz Group AG52,72 EUR-1,37Rating
Nestle SA74,08 CHF0,14Rating
Orange SA9,50 EUR0,27Rating
Renault SA47,08 EUR1,77Rating
RWE AG Class A28,46 EUR0,74Rating
Telecom Italia SpA0,24 EUR0,08Rating
Telefonica SA3,91 EUR0,00Rating
TotalEnergies SE52,01 EUR0,31Rating
Volkswagen AG89,45 EUR-1,32Rating

A propos de l'auteur

Jocelyn Jovène

Jocelyn Jovène  est analyste financier senior et rédacteur en chef de Morningstar France.