Après des années de déconvenues et un désintérêt croissant de la part des investisseurs, les fonds actions globales marchés émergents semblent avoir tourné le page en 2016. Les données sur la collecte de Morningstar montrent que depuis le début de l’année, ces catégories ont collecté plus de 4 milliards d'euros en Europe, après 8,7 milliards de rachats au cours des douze mois précédents.
Parmi les fonds dédiés à une zone géographique spécifique, la meilleure collecte a été marquée par ceux qui se consacrent à l'Amérique latine (360 millions d’euros). La région est celle qui a le plus contribué à la performance positive des marchés émergents, avec une augmentation de 21,3% (en euros au premier semestre), contre -25,3% de l’année dernière.
Les investisseurs, en revanche, restent loin des catégories spécialisées dans la région Asie-Pacifique (hors Japon), mais aussi des marchés émergents européens et de frontière.
Collecte nette par catégorie Morningstar « émergente »
Données en euros au 31 mai 2016
Source : Morningstar Direct
Il était une fois les « BRIC »
Les produits spécialisés sur les pays « BRIC » (Brésil, Russie, Inde et Chine) méritent une mention spécifique. L'acronyme a été utilisé pour la première fois en 2001 dans un rapport de Goldman Sachs pour mettre en avant les pays ayant les taux les plus élevés de croissance, et promis, selon les prévisions de l'époque, à la domination l'économie mondiale dans les décennies à venir. Après avoir touché le sommet de leur popularité (depuis que Morningstar recueille les données de patrimoine et collecte) en 2009-2010, le mouvement s’est inversé sur la période 2011-2015 avec 6,8 milliards d’euros de rachats nets. Les encours sous gestion sont passés de 11,9 à 2,9 milliards d’euros.
Encours sous gestion des fonds « BRIC » de 2010 à 2015
Source : Morningstar Direct
A l’image de l’euphorie généralisée autour des valeurs « TMT » à la fin des années 1990, le cas des BRIC confirme qu'un thème prometteur ne se traduit pas nécessairement en une bonne opportunité pour les investisseurs de long terme. C’est vrai en particulier si de tels investissements sont portés par un effet de mode, sans que les investisseurs ne prêtent suffisamment attention aux coûts, au processus et aux compétences de l'équipe de gestion. Au cours des cinq dernières années (à fin juin 2016), les fonds « BRIC » ont perdu en moyenne 1,2% par an, avec à une volatilité de plus de 18%. Dans la même période, la catégorie diversifiée d’actions pays émergents globales a gagné 1,3% par an en moyenne, avec une volatilité de 14,7%.
L’Asie ne décolle pas
En termes de flux de fonds, l’Asie est la pire région depuis le début de l’année. Les principales catégories spécialisées sur la région ont subi des rachats nets de 2,7 milliards d’euros, après près de 12 milliards sortis en 2015. D’ailleurs, l'indice régional (MSCI Asie-Pacifique hors Japon) a sous-performé le benchmark général des marchés émergents depuis le début de l’année (+0,09% contre + 4,05% à la fin de juin).
Les choix des devises
S’exposant aux marchés émergents, les investisseurs ont préféré les classes qui ne sont pas couvertes par le risque de taux de change. Au cours des cinq premiers mois de 2016, les fonds couverts ont décollecté à hauteur de 206 millions.