La 7é conférence annuelle organisée par Morningstar en France a accueilli deux gérants obligataires de renom – Elaine Stokes, gérante du fonds Loomis Sayles Multisector Income, et Andrew Balls, gérant de plusieurs fonds obligataires chez PIMCO, notamment PIMCO GIS Global Bond.
Alors que la plupart des obligations d’Etat en zone euro, et même certaines obligations d’entreprise, affichent des taux négatifs, le rendement est de plus en plus difficile à trouver sur les marchés obligataires. Néanmoins, les deux gérants se sont accordés pour dire qu’il reste des poches d’opportunités, notamment sur le crédit américain et sur certains pays émergents.
« Nous ne sommes pas en situation de bulle obligataire – les gérants actifs peuvent toujours ajouter de la valeur, même en taux négatifs », a indiqué Elaine Stokes, précisant qu’un environnement de croissance faible mais stable est plutôt porteur pour les obligations, et négatif pour les actions.
« Même si le crédit est globalement cher, chaque épisode de volatilité est une source d’opportunités : cela nous permet d’acheter des obligations d’entreprise décotées et de générer des plus-values dans la durée.» a également précisé Andrew Balls. Les deux gérants ont cependant convenu que l’environnement de liquidité est aujourd’hui dégradé, ce qui complique la tâche des investisseurs.
« On ne peut jamais savoir sur quels segments du marché la liquidité va s’assécher » a mis en garde Elaine Stokes. «Il faut donc être vigilant sur chacun des titres de votre portefeuille, et n’investir que sur des valeurs que vous êtes prêt à conserver dans la durée ».
Elle a également précisé que la philosophie de gestion de Loomis Sayles implique de bâtir des portefeuilles aussi simples que possible, sans instruments dérivés exotiques. A l’inverse, Andrew Balls a mentionné les produits dérivés obligataires comme des outils efficaces pour gérer le risque de liquidité.
« Les dérivés nous permettent d’ajuster le positionnement global de notre portefeuille, sans avoir à vendre des titres dans une période de liquidité dégradée ».
Interrogés sur les risques politiques au niveau mondial, les deux gérants ont mentionné la hausse du nationalisme et du populisme comme des menaces qui pèsent sur les marchés.
« Le risque politique est omniprésent dans les pays périphériques de la zone Euro. Il suffit de se rappeler que le Portugal a pratiquement exproprié, l’année dernière, certains créanciers de Novo Banco ». Elaine Stokes a également rappelé qu’en cas de victoire de Donald Trump dans la course présidentielle aux Etats-Unis, la globalisation marquerait un temps d’arrêt, ce qui serait forcément négatif pour les marchés.
Quant aux investissements sur les marchés émergents, la sélectivité est de mise pour les deux gérants. « Nous avons une vue globalement constructive sur les émergents, mais nous y restons moins exposés que nous ne l’avons été par le passé » a déclaré Andrew Balls.
Alors que certains pays, comme la Russie, offrent des opportunités selon le gérant de PIMCO, beaucoup d’autres marchés tels que la Turquie et l’Afrique du Sud restent compliqués à naviguer. Elaine Stokes s’intéresse quant à elle aux pays qui ont traversé des difficultés économiques mais dont les réformes commencent à porter leurs fruits, notamment en Amérique Latine.
« A l’inverse, nous ne trouvons pas beaucoup d’opportunités en Asie, car les rendements n’y sont pas suffisamment attractifs vus les risques encourus ».
Enfin, les deux gérants nous ont livré leurs principales pistes d’investissement sur les obligations privées. « Les subordonnées financières en Europe restent attractives » a précisé Andrew Balls, tandis qu’Elaine Stokes privilégie le crédit américain par rapport au marché européen.
« Les rendements restent plus intéressants outre-Atlantique, notamment sur des secteurs comme la santé et les télécoms qui sont en croissance structurelle. Le pic des défauts de paiement est aussi dernière nous. Malgré tout, la recherche fondamentale reste primordiale pour sélectionner les émetteurs et éviter les défauts. »