Duration courte : de quoi parle-t-on ?
Dans un environnement de taux historiquement bas, les investisseurs sont poussés à prendre plus de risque pour générer un rendement plus élevé. Pour ce faire, ils peuvent acheter des obligations plus risquées (risque de crédit) ou allonger la duration de leurs placements, ce qui induit un risque de perte en capital à cause de la volatilité des taux.
En effet, plus une obligation a une duration longue, plus elle est sensible aux variations des taux d’intérêt. (Pour un rappel des définitions, nous vous invitons d’abord à relire ce petit rappel sur la différence entre maturité d’une obligation et sa duration) Par exemple, une obligation qui a une duration de 5 ans et qui subit une hausse des taux d’intérêt de 100 points de pourcentage (1%) verra sa valeur baisser de 5%. Mais la valeur d’une obligation ayant une duration de 15 ans baissera de 15%.
Pourquoi existe-t-il des stratégies short duration ?
Les stratégies de duration courte ou « short duration » aident les investisseurs à se protéger de la fluctuation des taux d’intérêt (une hausse des taux fait baisser la valeur d’une obligation et inversement). Les gérants investissent en général dans des obligations ayant une maturité moyenne de 3 ans, voire sur des maturités encore plus courtes.
Maîtriser la duration d’une obligation contribue donc à maîtriser la portion du risque d’un portefeuille obligataire qui vient du risque de taux. Le portefeuille reste toutefois exposé au risque de crédit (si un émetteur fait défaut ou si les spreads de crédit s’écartent).
L’autre intérêt des obligations à duration courte est qu’elles permettent de capter une grande partie du rendement d’une obligation pour un niveau de risque plus limité (mais pas nul).
Les sous-jacents dans lesquels les gérants investissent incluent les obligations souveraines, les obligations privées de qualité (« Investment Grade »), mais également des titres de dette plus risqués comme le haut rendement (« high yield »), et de façon plus marginale, certains titres adossés à des actifs (MBS, ABS).
Quelles performances ?
Le tableau ci-après récapitule les performances annualisées des catégories duration courte en Europe suivies par Morningstar. Malgré l’intervention des banques centrales et les programmes d’achat quantitatif (QE), la performance des fonds dans la catégorie fait apparaître une surperformance de la catégorie Obligations privées par rapport aux fonds diversifiés ou aux stratégies qui investissent principalement en obligations souveraines.
Comment s’en servir dans une allocation ?
Les obligations à duration courte peuvent donc jouer un rôle de préservation du capital, en particulier dans un environnement inflationniste. Ces stratégies permettent de disposer d’une source de liquidité et de revenu qui peuvent être redéployés lorsque l’environnement de taux devient plus favorable.
En revanche, avant de choisir un fonds short duration, il convient aussi de vérifier que vous êtes à l’aise avec son niveau de risque crédit. Certains fonds court terme sont investis dans des proportions très importantes en obligations privées, y compris « high yield », ce qui n’en fait pas des placements nécessairement défensifs.
Comme pour tous les fonds qu’un investisseur privilégiera, au final, il est toujours important de s’assurer que les sous-jacents dans lesquels le fonds investit sont en adéquation avec le niveau de risque acceptable pour un investisseur, et en cohérence avec la stratégie d’investissement qui leur est vendue.
Quelques idées de fonds
AXA WF Euro Credit Short Duration (Bronze)
BGF Euro Short Duration (Silver)
Carmignac Sécurité (Bronze)
Deutsche Invest I Euro Bonds (Bronze)